vendredi 11 novembre 2016


Un quart du littoral français recule du fait de l’érosion, et le changement climatique n’améliorera pas les choses. Et, les ports maritimes et fluviaux-maritimes français, petits et grands, de plaisance et de croisières, industriels et de pêche, sont concernés à long terme par la montée du niveau des mers. Comment nous préparons-nous à cette inexorable tendance? Quelles adaptations décidons-nous de mettre en place ?



Les ports marchands se transforment.

Plus de la moitié de la population mondiale habite à moins de 60 km des côtes. Les ports occupent une place stratégique sur les territoires littoraux. Ils sont la porte d’entrée de tout ce qui arrive de la Mer à la Terre ; à la fois lieux d’échanges et dernier rempart pour la sureté et la sécurité maritime de nos côtes, les ports retrouveront une place de première importance.
Véritables poumons économiques des échanges du monde, les ports du futur deviendront des  « hubs » d’échanges qui irriguent le pays et exportent les productions et marchandises. 90% des échanges de la production agro-alimentaire mondiale passe par le transport maritime. Les grands ports maritimes devront se moderniser pour rester dans la compétition mondiale : ils seront connectés aux fleuves et créeront des plateformes multimodales de transports terrestres en arrière port, pour gérer les ruptures de charges et la distribution des marchandises sur les territoires. Côté large, les ports accompagneront la nouvelle industrie offshore de l’éolien marin flottant. Ils seront des bases arrière de zones de maintenance et de contrôle de ces infrastructures de la transition énergétique et contribueront à créer de nouveaux métiers liés à la mer.  

Les ports du futur seront plus résilientes, connectés et utiliseront les technologies intelligentes

La gestion des infrastructures portuaires est en première ligne des effets du changement climatique. Comment rendre les ports plus résilients face à la montée des eaux et aux houles ? La technologie pourra y aider : les ports du futur seront dotés d’infrastructures et d’ouvrages portuaires multifonctionnels et intelligents dans une triple fonction de protection, d’atténuation de la houle et de support de biodiversité marine. La filière de l’ingénierie côtière et portuaire française, compétitive et reconnue, contribuera à ce changement pour moderniser nos ports. Les ports du futur seront connectés, équipés de digues intégrant des capteurs intelligents, de caméras intégrées et joueront un rôle de systèmes d’alerte et d’enregistreur de données et d’informations pour la sécurité portuaire et la protection face aux aléas climatiques. Ils seront capables d’enregistrer la météo des houles et orienter la gestion d’alerte et de crise.  Les digues seront non seulement des ouvrages de protection mais aussi des supports de récifs artificiels le long des quais et des digues pour contribuer à restaurer la biodiversité côtière en recréant des niches écologiques.  Les ports sont les portes d’entrée sur nos territoires et peuvent demain jouer un rôle clé dans la sécurité du territoire. Rêvons de transformer nos ports en outil stratégique au service de l’intérêt général.

L’économie des ports sera plus circulaire et plus verte

En 2050, les ports du futur fonctionneront dans une économie plus verte, circulaire et ouverte. Ils seront conçus en énergie positive et capables de produire et distribuer de l’énergie supplémentaire à des utilisateurs locaux. Les bateaux de croisière et de transport, seront équipés entre autre de piles à combustible et les navires du futur seront plus propres. Les courants de quais permettront aux navires en escale de disposer d’énergie et ainsi réduire les pollutions dans l’air. L’économie sera plus circulaire pour la gestion énergétique industrialo-portuaire avec des innovations qui accélèrent la transition énergétique, la récupération des matières premières et la valorisation des déchets en nouvelles ressources. Les ports du futur seront énergétiquement plus autonomes : ils utiliseront l’énergie des mers et notamment l’énergie du vent marin avec l’éolien flottant et l’énergie thermique des mers avec son pouvoir calorique, une ressource permanente immédiatement accessible au droit des ports, pour produire en local l’énergie des infrastructures portuaires.   Les pompes à chaleur eau de mer équiperont les ports pour assurer les besoins en chaud et en froid des activités portuaires et de proximité.

Une relation Ville -Port dynamisée.

La relation Ville - Port devra être repensée : la ville portuaire est source d’opportunités nouvelles, économique, sociétale et environnementale. Le port du futur ne sera plus isolé et fermé à côté de la ville. Les espaces portuaires seront plus ouverts, plus attractifs et dynamiques, recréant des lieux de vie locale et faciliter les flux de personnes et la mixité des usages.
La ville et le port seront réconciliés, en décloisonnant et construisant de nouvelles synergies. La dualité spatiale et monofonctionnelle ville-port sera abandonnée au profit d’une complémentarité structurée et articulée. Les architectes et aménageurs décideront de changer de paradigme et passer de la densité à l’intensité urbaine, afin d’optimiser la gestion des usages et des espaces portuaires. Les ports du futur seront un lien clé avec le monde, à la fois plus urbains et plus écologiques.


Marie Christine Huau, Agronome spécialiste Mer & Littoral

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