jeudi 2 juillet 2015

Publié dans l'Expansion le 2 juillet 2015.

Les enjeux du climat sont mondiaux et une action efficace ne peut être purement nationale : Etats-Unis, Chine, Inde et Russie émettent à elles seules plus de 51 % des gaz à effet de serre. Durcir les textes n'aurait qu'un effet partiel : une loi peut interdire les activités les plus polluantes mais elle ne pourra pas stimuler les milliers d'innovateurs qui ont chacun une partie de la solution pour décarboner l'économie. Interdire tout ce qui pollue pourrait aussi être contre-productif: développer en France des technologies de centrales à charbon efficaces réduira les émissions si cela sert à remplacer des technologies « sales » dans les pays où le choix du charbon est acquis.  

Se doter d'une « valeur de référence» pour la tonne de CO2

A l'inverse, peut-on se reposer sur des actions volontaires de la part des entreprises au risque de mêler le bon grain des actions efficaces avec l'ivraie du greenwashing? La contribution des entreprises peut être même plus performante qu'une action trop centralisée, mais à condition que la réglementation donne des signaux stimulants aux innovateurs. Ce n'est actuellement pas le cas. Cela supposerait notamment de se doter d'une « valeur de référence mondiale » pour la tonne de CO2, qui manque cruellement. Or une telle valeur donnerait un signal clair à tous, y compris dans les pays émergents qui n'ont pas les moyens de mettre en place les taxes et subven-tions permettant de passer de cette valeur de référence à un « prix carbone ».

Une telle référence permettrait aussi facilement de distinguer ce qui relève de la communication, et ce qui a un réel sens à la fois climatique et économique. En effet, on peut mesurer l'effet des actions mises en oeuvre en termes de nombre de tonne de CO2 évitées. Il suffit de multiplier ce nombre par une valeur de référence de la tonne de CO2 pour estimer ce qu'elles valent. On peut alors savoir si telle ou telle annonce vaut plus que ce qu'elle coûte. Exemple: un projet au coût net d'un million d'euros qui évite 10 000 tonnes de CO2 n'a pas de sens: mieux vaut ne rien faire et utiliser la même somme pour planter des arbres, l'effet sera plus favorable sur le climat! Bref, les entreprises peuvent être des alliés puissants du climat, à condition que les signaux économiques qu'elles reçoivent soient cohérents !


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