tag:blogger.com,1999:blog-13786343842759783762024-03-13T00:38:15.780+01:00Observatoire du Long TermeLe Think Tank des stratégies de Long Terme.
Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.comBlogger280125tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-67453992596464922962023-10-01T18:32:00.002+02:002023-10-14T18:21:30.819+02:00IA : le risque de la bureaucratisation<p> Retrouvez ici le débat sur BFM : https://www.bfmtv.com/economie/replay-emissions/01-business/ia-le-risque-de-la-bureaucratisation-30-09_VN-202309300301.html</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCzoMKl8oOndEmf2CSQ8b8Fb-3J5x8X7hdTx3-F6jWr29kwsGOFYpoH1RvoRcMlSE26UdutI5aqDIgniCj_8ll0QDoCYUtpV3o4S7r55tuOTRwN4POWj5boep50z4GfS0l7wToiUK0CZ0RA86pYVHaUne08WoiV9qWDPYajlXvsLV-w1JauWBF3lP7WaPF/s250/12322-scopitone_de_fernand_raynaud__le__3.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="250" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCzoMKl8oOndEmf2CSQ8b8Fb-3J5x8X7hdTx3-F6jWr29kwsGOFYpoH1RvoRcMlSE26UdutI5aqDIgniCj_8ll0QDoCYUtpV3o4S7r55tuOTRwN4POWj5boep50z4GfS0l7wToiUK0CZ0RA86pYVHaUne08WoiV9qWDPYajlXvsLV-w1JauWBF3lP7WaPF/s1600/12322-scopitone_de_fernand_raynaud__le__3.jpg" width="250" /></a></div><br /><p><br /></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-57706984039861005352023-09-28T21:00:00.003+02:002023-09-28T21:17:42.245+02:00Le syndrome du Vasa : fluctuat et mergitur<p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: left;">Publié dans Les Echos le 28 septembre 2023.</p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;">Lorsqu’il a été inauguré en 1628, le Vasa était le plus beau navire de son temps, décoré de magnifiques sculptures et capable d’accueillir à bord 64 canons et 300 soldats. Il était la fierté de la Suède, qui avait consacré plus de 5% du PIB à sa construction – ce qui équivaut pour la France de 2023 à trente sous-marins nucléaires. Mais le Vasa a sombré dès son voyage inaugural, à un mile du port de Stockholm et entraînant avec lui des dizaines de marins. Miraculeusement préservée dans les eaux glaciales de la mer Baltique, son épave est une source d’informations inestimable pour les historiens. <span style="font-size: 11pt; line-height: 16.8667px;">Mais elle inspire également tous ceux qui</span><span style="font-size: 11pt; line-height: 16.8667px;"> s'intéressent aux défis des grand projets complexes.</span></p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><span style="font-size: 11pt; line-height: 16.8667px;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOsLHicgSWOKdJPFpHdgqz4UXiJaMNdtcOUQn2EbchYaJ8EkglVxBV63Yo3MgL5qIQnbD5lG6sfyzYwVNQaivzZuHkI21_nRmwnSHo-QBwnQ9Uo-EuMTXZ4tt0uYBojTwCEG4bezwPMS1XNwXX3qnJQP1XT9AvGlSvHYofzNTH-AwIr5HBhJYFdIXP70bg/s450/The_Vasa_from_the_Bow.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="450" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOsLHicgSWOKdJPFpHdgqz4UXiJaMNdtcOUQn2EbchYaJ8EkglVxBV63Yo3MgL5qIQnbD5lG6sfyzYwVNQaivzZuHkI21_nRmwnSHo-QBwnQ9Uo-EuMTXZ4tt0uYBojTwCEG4bezwPMS1XNwXX3qnJQP1XT9AvGlSvHYofzNTH-AwIr5HBhJYFdIXP70bg/w400-h266/The_Vasa_from_the_Bow.jpg" width="400" /></a></div><br /><span style="font-size: 11pt; line-height: 16.8667px;"><br /></span><p></p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;">Si le procès qui a suivi le naufrage a cherché un responsable sans en trouver, les historiens ont pu identifier plusieurs causes typiques de ce genre de projets et réunies sous le nom de « syndrome du Vasa ». La première tient à l’ignorance des limites techniques. La construction de navire ne reposait alors pas sur des calculs mais sur la reproduction de modèles de navires précédents, et l’impact des modifications apportées aux plans étaient mal maitrisées. Il est ainsi évident avec les moyens actuels que le centre de gravité était trop haut et conduirait le navire à chavirer. La seconde cause est une modification radicale due au « fait du Prince ». Lorsqu’on lui présenta les premières ébauches, le Roi demanda d’ajouter une rangée de cannons, qui est à l’origine du problème d’équilibre du navire. Malgré les doutes probables d’architectes, incapables d’anticiper l’impact d’une telle modification. Troisièmement, le souci de plaire aux commanditaires : les tests réalisés avant l’inauguration ont clairement montré un problème de stabilité qui fut ignoré au motif que l’architecte avait déjà construit d’autres bateaux. De même, le voyage inaugural eut lieu avec les canons apparents pour montrer la puissance du navire, au lieu de fermer les écoutilles qui auraient ralenti le naufrage. Quatrièmement, la confusion des objectifs : des moyens excessifs ont été consacrés à la décoration pour faire du navire un objet de fierté aux détriments de l’objectif principal - flotter. Cinquièmement, une faiblesse dans le pilotage du projet : le bon profil pour un rôle de ce type n’est pas une personne cherchant le consensus, mais un professionnel capable d’un diagnostic sans complaisance, de tenir un discours de vérité et assez focalisé pour garder l’œil sur les objectifs prioritaires. Le décès de l’architecte en cours de projet n’a pas aidé, car il fut remplacé par une personne moins capable de résister aux pressions. Sixièmement, un décalage entre ambitions et moyens : la pression excessive sur le calendrier n’a pas laissé le temps de réaliser un design correct. Or les faiblesses de design ou l’absence de tests que l’on accepte pour respecter le planning, et que l’on pense rattraper en production ont généralement tendance à s’amplifier avec l’avancement du projet. Septième cause : des problèmes de communication. D’abord entre responsables – le Roi, l’architecte et le chantier avaient des visions qui n’ont jamais été conciliées. Ensuite au sein du chantier, avec notamment l’utilisation de règles graduées en pieds de 11 pouces par certains et de 12 pour d’autres.</p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;">Le développement du numérique rend certains de ces enseignements caducs : personne ne ferait un tel projet sans tester et simuler. Mais il apporte aussi de nouveaux risques : un grand projet informatique est un Vasa à lui tout seul. Le numérique peut aussi amplifier des problèmes existants : la loi de Conway prédit ainsi qu’un projet informatique reproduit les défauts de communication de l’organisation qui les conçoit. L’informatique peut enfin susciter un sentiment de confiance excessif : rares sont les managers estimant maitriser l’architecture navale, plus nombreux sont ceux qui s’expriment sur le digital avec un niveau de confiance supérieur à leur niveau de maitrise technologique. </p><p><span face="Calibri, "sans-serif"" style="background-color: white; color: #222222; font-size: 11pt; text-align: justify;">Les autres leçons du Vasa sont éternelles, et le musée qui lui est consacré à Stockholm - une des attractions les plus populaires d’Europe - inspire les passionnés d’histoire comme les chercheurs en science de l’organisation.</span> </p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-74607148950552699802023-07-10T09:59:00.001+02:002023-07-10T11:43:32.923+02:00 Le véritable risque, c’est la bureaucratisation de l’IA.<p>Publié dans <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-ia-le-risque-de-la-bureaucratisation-1960428https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-ia-le-risque-de-la-bureaucratisation-1960428">Les Echos</a>.</p><p>Le microprocesseur a été inventé en 1969. Des années avant, Fernand Raynaud tentait de joindre « le 22 à Asnières », peu aidé par une opératrice dépassée par un standard téléphonique bureaucratique. En 1949, Georges Orwell s’inspire en partie de la réalité pour décrire dans « 1984 » une société régie par la surveillance, la propagande et la désinformation. Chaque année, des patients décèdent parce qu’ils sont pris en charge trop tard mais conformément aux règles et on note actuellement une hausse des décès en parallèle d’une difficulté croissante d’accès à un spécialiste. </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCQCRoKFgROFox-6JmyAFGXww3YhzPBSNIeQT4ZQa84wn0YRmbGcnfnwEGNhwY-4nHFTHUGsV8SykfNOW-Ld9QxQD4dSCarSgkDQTPxaapYus8JCyH2VI1P9la3trw-yXi82j7JsFuXDDRBTV-9fDaXKijddRfHG-SLj8ZzuYGwHAnKKViJ9fHf_-KVAf9/s250/12322-scopitone_de_fernand_raynaud__le__3.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="250" data-original-width="250" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiCQCRoKFgROFox-6JmyAFGXww3YhzPBSNIeQT4ZQa84wn0YRmbGcnfnwEGNhwY-4nHFTHUGsV8SykfNOW-Ld9QxQD4dSCarSgkDQTPxaapYus8JCyH2VI1P9la3trw-yXi82j7JsFuXDDRBTV-9fDaXKijddRfHG-SLj8ZzuYGwHAnKKViJ9fHf_-KVAf9/s1600/12322-scopitone_de_fernand_raynaud__le__3.jpg" width="250" /></a></div><p>A l’autre bout du monde, des voix s’élèvent dans la Silicon Valley sur le risque d’une perte de contrôle sur l’intelligence artificielle, la créature imposant à ses créateurs ce qu’ils n’ont jamais souhaité ou prenant des décisions avec des conséquences imprévues en dehors des missions pour lesquelles elle a été conçue. On pointe le risque de voir l’intelligence artificielle filtrer l’information ou de faciliter la diffusion d’informations biaisées. On note l’absence de conscience de cette technologie, capable d’horreurs que tout individu refuserait de commettre.</p><p><br /></p><p>Mais comme l’a dit Rabelais, « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » : il ne faut pas freiner la science mais accélérer la conscience. Si des risques existent en théorie, des bureaucraties rigides les ont réalisés avant l’apparition des ordinateurs et sans pétition pour un contrôle éthique de ce mode d’organisation. La définition de Max Weber de la bureaucratie porte en elle-même ces risques : une forme d’organisation impersonnelle et hiérarchique, basée sur l’application de règles strictes. Chacun s’y limite au rôle qui lui a été imparti, sans pouvoir faire preuve de jugement. Comme l’opératrice du 22 à Asnières, personne n’a les moyens de régler des problèmes imprévus ou de faire preuve d’initiative pour interrompre l’exécution des tâches demandées, et trouver une solution à un cas anormalement complexe.</p><p><br /></p><p>On identifie à tort l’administration à la bureaucratie. Ceux qui en doutent essayeront de résilier un abonnement auprès d’un opérateur téléphonique ou d’obtenir un remboursement complexe auprès de leur assurance complémentaire. Une administration peut être humaine, innovante et efficace, tout comme une entreprise privée peut ne pas l’être, et ce d’autant que ses clients ont un choix limité. La technologie n’a rien à voir avec cela : on se sent aussi seul face à un opérateur de centre d’appel mal formé que face à un chatbot qui ne sait répondre que ce que contient sa base de connaissance. Une intelligence artificielle entraînée sur des données partielles ne fera pas pire qu’une bureaucratie rigide confrontée à un cas non prévu dans son règlement. Hollywood nous a montré des robots tueurs mais les pires horreurs ont été commises par des bureaucraties dont chaque membre estimait ne faire que son boulot.</p><p>La bureaucratie des autres nous semblera toujours moins supportable que la nôtre – une partie des problèmes de support informatique renvoie à une « bureaucratie inverse » par laquelle des utilisateurs impatients et rigides refusent de prendre le temps d’expliquer leur problème, d’appliquer les modes d’emploi ou de traiter leurs interlocuteurs avec empathie et respect. Rendons au passage hommage à la tâche de ceux qui se situent ainsi en « bout de chaîne » : quand la bureaucratie dysfonctionne, c’est toujours entre leurs mains qu’apparaîtront les problèmes et sur eux que retomberont les blâmes. Il est plus facile de critiquer l’Etat profond que de questionner l’adéquation des objectifs et des moyens, ou d’accabler un service support débordé que d’allouer les ressources pour former les utilisateurs à la complexité de leur équipement.</p><p>La France a eu un rôle historique dans la création de la bureaucratie, créée en Egypte et en Chine mais perfectionnée sous Louis XIV et portée par un modèle centralisé et hiérarchique. Et si en complément de ses ambitions légitimes en matière d’intelligence artificielle, la France devenait le champion de la lutte contre la bureaucratie et pour éviter que l’intelligence artificielle ne vienne en augmenter les dommages ? </p><p>Vincent Champain est dirigeant d’entreprise et président de l’Observatoire du Long Terme, think tank dédié aux enjeux de long terme (http://longterme.org)</p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-12780471818285471422023-06-15T23:16:00.002+02:002023-10-14T18:35:52.165+02:00Le nucléaire accélère sa transformation digitale<p> Publié dans <a href="https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/le-nucleaire-accelere-sa-transformation-numerique-965902.html#awaitingComment2293829">La Tribune.</a></p><p></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Digital pour le nucléaire : le grand rattrapage<o:p></o:p></b></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7OzF06qHUyzmCdv1B22yxATkV82ZmBGnhyvrWLKYWsq9ACXw-HleOwI9YdsCGZurd4XDQ30LpDiwW0d7IZ9yQmcsxCh_wmWEEqIjjaJyiWYnmUeUbJw2EH1SgWIdr6F4v8CEAuCdaSzGlX_z8zM6IaCkU4m5Q19QFj-kNxJRMwNSAVzPRkiLY3i9BSqyP/s1216/glif-controlnet-any-word-experimental-joe-fb7c73c500-clnq9cy0z000lld0f63f6iik8.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="832" data-original-width="1216" height="219" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg7OzF06qHUyzmCdv1B22yxATkV82ZmBGnhyvrWLKYWsq9ACXw-HleOwI9YdsCGZurd4XDQ30LpDiwW0d7IZ9yQmcsxCh_wmWEEqIjjaJyiWYnmUeUbJw2EH1SgWIdr6F4v8CEAuCdaSzGlX_z8zM6IaCkU4m5Q19QFj-kNxJRMwNSAVzPRkiLY3i9BSqyP/s320/glif-controlnet-any-word-experimental-joe-fb7c73c500-clnq9cy0z000lld0f63f6iik8.jpg" width="320" /></a></div><br /><b style="mso-bidi-font-weight: normal;"><br /></b><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Le secteur nucléaire a été
précurseur dans l’utilisation du calcul numérique. Il a conçu des jumeaux
numériques dès les années 70. Il a en grande partie inventé l’utilisation de la
simulation numérique pour le design avant qu’elle ne se diffuse largement dans
l’aéronautique ou l’automobile. Depuis, cette avance s’est en partie inversée pour
des raisons multiples – telles que le ralentissement des investissements dans
le nucléaire ou le développement du cloud, qui pose dans le nucléaire des
problèmes de souveraineté plus profonds que pour d’autres secteurs. Le secteur
reste bien positionné dans l’utilisation des supercalculateurs mais ce n’était pas
le cas au début de cette décennie pour l’utilisation des systèmes de gestion du
cycle de vie (PLM) ou de maîtrise des fabrications.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Depuis quelques années, la France
s’est engagée dans un nouveau programme nucléaire. Sous l’impulsion des
principaux donneurs d’ordre (au premier rang desquels figure EDF), le secteur a
augmenté ses investissements dans le numérique. Par exemple développer
l’utilisation de solution de PLM (qui permettent de gérer et d’échanger les
spécifications des produits et d’en suivre l’évolution sur le cycle de vie du
produit) ou d’entreprise étendue (qui permettent d’accélérer les processus en
remplaçant le papier ou l’échange de données non structurées par des logiques
d’entrepôts de données communs à toute la chaîne de fabrication). Contrairement
à une idée répandue, il ne suffit pas d’installer de nouveaux logiciels. Il
s’agit au contraire d’une transformation profonde qui demande d’améliorer
conjointement les flux de matière (processus industriels, gestion des écarts de
fabrication,…) et les flux d’information (échanges documentaires, analyse des
défauts, généralisation de modèles 3D,…). Ceci afin d’optimiser le « temps
métal » (le temps passé à des tâches directement productives) tout en
simplifiant et en accélérant les échanges de données. A titre d’exemple, un
générateur de vapeur – une pièce de plus de 20 mètres de haut et pesant plus de
500 tonnes – s’accompagne d’une documentation équivalent à 15 fois le plus long
roman français, « à la Recherche du Temps Perdu ». Et ce n’est
pas du Proust !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Coûts, sécurité et compétitivité<o:p></o:p></b></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">In fine, ces investissements
bénéficieront aux consommateurs d’électricité nucléaire permettant à la
fois de maitriser les exigences de sécurité, les coûts et les délais. Ils
accompagneront la standardisation des composants et des processus et
contribueront à un meilleur pilotage de la performance des équipements. Ils
permettront également à la filière française de renforcer sa compétitivité et
de gagner des contrats à l’export – avec à la clef des bénéfices importants en
termes de balance commerciale et d’emploi à haute valeur ajoutée. En effet, si
l’attention se porte actuellement, à juste titre, sur le programme national,
cette compétitivité internationale reste cruciale pour que la filière ne
connaisse pas à l’issue du programme français la même baisse d’activité qu’elle
a pu connaître durant les dernières décennies.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Mais ces développements vont
aussi bénéficier à l’extérieur de l’industrie, comme à chaque fois que l’on
développe une filière d’excellence. Ainsi, Framatome développe des solutions
digitales – cybersécurité, gestion de la performance des équipements, outils
pour l’ingénierie. Conçues pour le secteur nucléaire, elles sont aussi
proposées aux clients des industries critiques qui partagent le besoin de
disposer de solutions fiables, souveraines. On peut citer par exemple des
solutions permettant de surveiller le vieillissement de certaines pièces, ou
des solutions d’inspection à distance sécurisée, ou qui permettent de
d’organiser la production de rapports protégés des risques d’attaques
souveraines.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Le digital souverain<o:p></o:p></b></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">En matière de digital, l’industrie
nucléaire a trois caractéristiques atypiques qu’elle partage en partie avec
d’autres secteurs des industries critiques. D’abord, c’est une industrie dans
laquelle la France fait partie des leaders mondiaux. Les pays capables de
maitriser cette technologie et de construire de nouveaux réacteurs se comptent désormais
sur les doigts d’une main. C’est une vraie chance pour l’emploi et la recherche
mais cela se traduit par une compétition exacerbée entre les Etats qui
disposent de cette compétence. Cette concurrence impose de protéger les secrets
industriels et commerciaux d’une façon particulièrement forte, y compris
vis-à-vis de certains pays amis. Pour le digital, cela implique que certaines
des solutions Cloud – qui sont le standard dans d’autres industries – ne
peuvent pas être utilisées telles quelles. C’est la raison pour laquelle nous
développons des solutions digitales souveraines pour son propre usage comme
celui de ces clients en cyber sécurité industrielle, ou en optimisation de la
performance.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Ensuite, le nucléaire est ce
qu’on appelle une industrie critique : un problème de qualité pouvant
avoir des conséquences considérables, tout est fait pour que cela n’arrive pas.
On préfère décaler la date de mise en service d’un réacteur plutôt que prendre
le moindre risque d’accident. On choisira de refaire une pièce ou un geste
technique s’il y a le moindre doute sur sa capacité à tenir face aux contraintes
là. On multiplie les regards internes et externes pour assurer qu’il n’y ait
aucun doute sur la sécurité - des inspections faites par nos soins, par nos
clients ou leurs prestataires, par différentes autorités de sureté…<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>Là encore le digital peut apporter beaucoup
pour partager l’information permettant de faire ces vérifications de façon à la
fois plus sûre et plus efficace, ou de compléter ces vérifications avec des
outils d’intelligence artificielle.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Enfin c’est une industrie
fortement régulée : la maitrise des risques est au cœur de tous les
produits et les services que nous fournissons. Cela induit un volume important de
données liées à la documentation des produits et la preuve du respect des
exigences que doivent remplir nos produits ou service. D’autres secteurs – par
exemple l’industrie pharmaceutique – partagent cette caractéristique, mais
c’est dans le nucléaire qu’elle est la plus contraignante. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><b style="mso-bidi-font-weight: normal;">Plus d’architectes, moins de plombiers<o:p></o:p></b></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Pour des ingénieurs ou des
experts du digital, c’est un terrain de jeu exceptionnel : ailleurs où
leur tâche consiste à intégrer des solutions faites hors de nos frontières. Le
nucléaire fait une part plus large à l’expertise technologique et
l’architecture. Evidemment, quand une solution standard répond aux besoins, c’est
celle-là que l’on va l’utiliser. Mais nous sommes très souvent confrontés à des
situations dans lesquelles le standard de marché n’est pas suffisant pour
garantir nos exigences de sécurité ou de souveraineté. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">De façon schématique, la
répartition du temps entre l’activité de « plomberie » (laisser un
prestataire appliquer des solutions qui sont des standard de marché) et l’activité
« d’architecture » (trouver des solutions efficaces à des problèmes
nouveaux) donne dans notre secteur une part plus importante à l’architecture. La
transformation digitale (où l’intrication des flux de matière et d’information
est plus forte), la nature des profils (plus techniques) ou celle des projets
(plus complexe) sont différentes dans le nucléaire. Et c’est souvent çà qui fait
la différence pour ceux qui nous rejoignent !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br /></p><p></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-51022572064957554552023-05-31T22:20:00.004+02:002023-05-31T23:13:14.999+02:00Innovons pour le climat plutôt que sur les impôts<p><span style="text-align: justify;"><a href="https://www.lopinion.fr/economie/innovons-pour-le-climat-plutot-que-sur-les-impots-la-tribune-de-vincent-champain">Publié le 31 mai dans l'Opinion</a></span></p><p><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 14.6667px; text-align: justify;">Dans un récent rapport sur les incidences économiques de la transition climatique, France Stratégie analyse les actions nécessaires à dix ans pour que la France remplisse ses objectifs. La nécessité d’une action mondiale pour réduire notre empreinte carbone et l’impératif pour la France d’y prendre sa juste part font désormais l’objet d’un large consensus. En revanche, comme le prouve ce rapport, la situation est très différente s’agissant des moyens pour réaliser et financer cette transition.</span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSA-Rnj8Nm_X5bC_KJ-WYbyahMe4vRMKfsNWNNwLLKqMj07WpsoGOy95FahWNvIhpiGJkzO2sgMkq7kwTtCNsazduLCWgtcRYahqQKFG8--Cp6OuFe4iPa5FM82WTxbxzGfLT_C0P7ZwUL4OSaEjtLKz5u0-AzS1Ng7nbnVNZLdaKvndTXCSS7WlPpnQ/s1024/DALL%C2%B7E%202023-05-31%2022.18.35%20-%20people%20in%20gray%20suits%20taking%20money%20out%20of%20a%20green%20piggy%20bank_.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSA-Rnj8Nm_X5bC_KJ-WYbyahMe4vRMKfsNWNNwLLKqMj07WpsoGOy95FahWNvIhpiGJkzO2sgMkq7kwTtCNsazduLCWgtcRYahqQKFG8--Cp6OuFe4iPa5FM82WTxbxzGfLT_C0P7ZwUL4OSaEjtLKz5u0-AzS1Ng7nbnVNZLdaKvndTXCSS7WlPpnQ/s320/DALL%C2%B7E%202023-05-31%2022.18.35%20-%20people%20in%20gray%20suits%20taking%20money%20out%20of%20a%20green%20piggy%20bank_.png" width="320" /></a></div><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;"><br /></p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;">Concernant les moyens, le rapport estime l’effort à une centaine de milliards sur dix ans, dont un tiers financé par la réduction d’investissements « bruns » (émetteur de gaz à effet de serre, comme les chaudières au fuel). L’ordre de grandeur est peu contestable. En revanche, le programme présenté dans le rapport repose largement sur une approche planifiée (réglementation, fiscalité, aide à l’investissement ou investissements publics) plutôt qu’une approche plus décentralisée, basée sur un prix carbone. Cette position peut s’expliquer par les difficultés rencontrées par les tentatives de mise en place d’une telle taxe. Mais elle revient à refuser de confronter les français au coût direct de la transition climatique et à choisir des modalités au coût indirect plus élevé mais moins visible. Ainsi, subventionner massivement les voitures électriques augmentera les dépenses publiques plus que nécessaire, là où confronter les français à l’impact carbone de leur mobilité aurait probablement conduit certains ménages urbains à privilégier des deux roues électriques, moins consommateurs de métaux rares et d’engorgement des villes. Faut-il multiplier les subventions pour des rénovations margées généreusement et basées sur des diagnostics dont l’efficacité montre de sérieuses lacunes ? L’étude de 60 millions de consommateurs, ou l’avis de n’importe qui ayant réalisé ce type de travaux, devraient pourtant donner à réfléchir. La méthode « réguler, dépenser et taxer » recueillera forcément l’enthousiasme du plus grand nombre, chacun pensant réaliser ses travaux aux frais des autres. Est-ce pour autant la plus conforme à l’intérêt général ? On peut imaginer une politique plus micro-économique, soucieuse de l’efficacité des actions engagées dans la pratique et intégrant davantage la responsabilité individuelle, la transparence ou la concurrence. Elle fournirait à chacun une estimation plus fine du retour sur investissement de ses travaux, stimulerait l’innovation comme la concurrence entre prestataires ou fournisseurs et renforcerait la protection du consommateur face aux allégations et au démarchage agressif.</p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;">S’agissant du financement, France Stratégie invente un ISF climatique. Pourquoi oublier le principe d’unité budgétaire - financer par le budget général ce qui est nécessaire, et gérer le financement de toutes les dépenses avec une fiscalité aussi optimale que possible, plutôt que d’inventer une taxe par dépense ? Il en va de même pour les enjeux de redistribution : la transition climatique aura certainement un effet mais qui se superposera à d’autres - paupérisation des services publics (qui restera, de loin, le premier vecteur d’inégalités), désertification de certains territoires ou le développement de l’intelligence artificielle. Il est plus efficace de corriger la somme de ces effets que de créer une taxe pour chacun. Enfin, notre dette publique atteint 3000 milliards, dont plusieurs centaines au titre de la crise Covid. Faut-il inventer une taxe dédiée à un effort climatique qui représente 1 à 2 % de cette dette ? Il semble plus urgent de maîtriser 100% de cette dette, et de rester conforme au principe d’unité budgétaire, qui permet en outre de baser nos impôts sur des fondements stables dans le temps, plutôt que d’en inventer un pour chaque rapport au risque de réduire encore la stabilité et l’efficacité de notre fiscalité.</p><p class="MsoNormal" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Calibri, "sans-serif"; font-size: 11pt; line-height: 16.8667px; margin: 0cm 0cm 10pt; text-align: justify;">Le rapport de France Stratégie a le mérite de rappeler les ordres de grandeurs, les directions et l’urgence d’une action climatique volontariste. En revanche, on aurait souhaité qu’il se focalise davantage sur l’efficacité des politiques climatique ou la recherche d’innovations vertes abordables que sur la recherche d’innovations fiscales.</p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-58713077738201991142023-05-14T10:48:00.003+02:002023-05-28T23:09:02.563+02:00Qui s'intéresse à la fraternité ?<p>Publié le 11 mai dans <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-et-la-fraternite-bordel-1942431">Les Echos.</a> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg51rn2zG8oCCaz6EVhwI_3F708413bnfZY-9kSO6DIY4DqueoCCQCrVNDqF8WlO2xrKf09nVUZccQlko5VRNu5qPaojGzC3eoqm49A0WzMGLQZh7JSIBG7v4NsbyDTCBiXZ1a7zs6DzTKh_qXU2wnyOO4DtK8Bw1jsw0CuT3E0Nja6ahPfDtN-e_o3lw/s1024/DALL%C2%B7E%202023-05-14%2010.47.09%20-%20%20an%20image%20presenting%20fraternity,%20cohesion,%20and%20empathy.%20%20For%20fraternity,%20you%20could%20show%20a%20group%20of%20people%20holding%20hands,%20hugging,%20or%20standing%20in%20a%20cir.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg51rn2zG8oCCaz6EVhwI_3F708413bnfZY-9kSO6DIY4DqueoCCQCrVNDqF8WlO2xrKf09nVUZccQlko5VRNu5qPaojGzC3eoqm49A0WzMGLQZh7JSIBG7v4NsbyDTCBiXZ1a7zs6DzTKh_qXU2wnyOO4DtK8Bw1jsw0CuT3E0Nja6ahPfDtN-e_o3lw/s320/DALL%C2%B7E%202023-05-14%2010.47.09%20-%20%20an%20image%20presenting%20fraternity,%20cohesion,%20and%20empathy.%20%20For%20fraternity,%20you%20could%20show%20a%20group%20of%20people%20holding%20hands,%20hugging,%20or%20standing%20in%20a%20cir.png" width="320" /></a></div><p><br /></p><div><span data-canva-clipboard="ewAiAGEAIgA6ADUALAAiAGQAIgA6ACIAQgAiACwAIgBoACIAOgAiAHcAdwB3AC4AYwBhAG4AdgBhAC4AYwBvAG0AIgAsACIAYwAiADoAIgBEAEEARgBpADQATQBKADkAcQBtAFEAIgAsACIAaQAiADoAIgA0AHAAMgBkAFEARgA2AHQAagBOAFkAXwBJAEkAagBXAGUAVQBFADcAZQBnACIALAAiAGIAIgA6ADEANgA4ADQAMAA1ADMAMwA5ADEAMwA1ADMALAAiAGoAIgA6AFsAewAiAEEAIgA6AHsAIgBCACIAOgB7AH0ALAAiAEsAIgA6AHsAfQAsACIAQwAiADoAewB9ACwAIgBNACIAOgB7AH0ALAAiAEQAIgA6AHsAfQAsACIATAAiADoAWwB7ACIAQQAiADoAewB9ACwAIgBCACIAOgAiAEMAIgB9ACwAewAiAEEAIgA6AHsAfQAsACIAQgAiADoAIgBCACIAfQBdACwAIgBFACIAOgB7AH0ALAAiAEYAIgA6AHsAIgBBACIAOgAiAEkAZABlAG4AdABpAHQAeQAuAHAAbgBnACIALAAiAEIAIgA6ADEAfQAsACIARwAiADoAewB9ACwAIgBIACIAOgB7ACIAQgAiADoAIgBuAG8AbgBlACIALAAiAEMAIgA6ACIAIwAwADAAMAAwADAAMAAiACwAIgBEACIAOgAiACMAZgBmAGYAZgBmAGYAIgB9ACwAIgBKACIAOgB7ACIARgAiADoAIgAjADAAMAAwADAAMAAwACIAfQB9AH0AXQAsACIAQQA/ACIAOgAiAEIAIgAsACIAQQAiADoAWwB7ACIAQQAiADoAMQAzADEALgA0ADkANAAyADQAMwA0ADIAMQA3ADcANQAwADgALAAiAEIAIgA6ADgAMwAxAC4ANAA5ADQAMgA0ADMANAAyADEANwA3ADUAMQAsACIARAAiADoAMwAzADcALgAwADEAMQA1ADEAMwAxADUANgA0ADQAOQA4ADQALAAiAEMAIgA6ADMAMwA3AC4AMAAxADEANQAxADMAMQA1ADYANAA0ADkAOAA0ACwAIgBBAD8AIgA6ACIASQAiACwAIgBhACIAOgB7ACIAQgAiADoAewAiAEEAIgA6AHsAIgBBACIAOgAiAE0AQQBGAGkANABCAEEAdwA4AGYAbwAiACwAIgBCACIAOgAxAH0ALAAiAEIAIgA6AHsAIgBEACIAOgAzADMANwAuADAAMQAxADUAMQAzADEANQA2ADQANAA5ADgANAAsACIAQwAiADoAMwAzADcALgAwADEAMQA1ADEAMwAxADUANgA0ADQAOQA4ADQAfQB9AH0AfQBdACwAIgBCACIAOgAyADAAMAAwACwAIgBDACIAOgA2ADAAMAB9AA=="></span></div><p><span style="text-align: justify;">L’aspiration à la liberté est incarnée
politiquement par les libéraux, qui prônent notamment la réduction des normes
ou des impôts. Le besoin d’égalité s’exprime quant à lui davantage à gauche, par
le renforcement des services publics et des allocations. Il est en revanche difficile
de distinguer un camp en faveur de la troisième mais pas la moindre de nos
valeurs : la fraternité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Sa traduction en lois est certes moins
évidente que pour les deux premiers principes de notre devise, au point qu’une circulaire
a défini la fraternité comme « la loi de l’amour ». La constitution
de 1791 prévoyait des fêtes nationales pour entretenir la fraternité des
citoyens. Celle de 1848, que les citoyens contribuent au bien commun en s'entraidant
fraternellement. Le principe de fraternité est à l’origine du droit à la
subsistance par le travail, le secours aux nécessiteux, le droit à
l'instruction, l’abolition de l’esclavage, la décolonisation, le suffrage
universel ou la création du RSA. L’application par le conseil constitutionnel du
principe de fraternité est néanmoins récente : en 2018, il juge
anticonstitutionnel le fait de sanctionner l’aide désintéressée aux migrants. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Mais alors pourquoi cette valeur est-elle
absente de l’offre politique, effacée par le débat entre liberté et égalité ?
La première raison tient au caractère dual de la fraternité : la
fraternité « externe » qui s’applique aux migrants clive plus les
français que la fraternité « interne » des fêtes nationales. Le
contexte économique est en outre peu favorable à cette valeur : les tensions
sur le pouvoir d’achat, les doutes sur les retraites et les menaces sur
l’économie poussent plus aux conflits de répartition ou à la recherche de boucs
émissaires qu’aux dissertations sur la loi de l’amour ou en faveur de la
tolérance ou de la cohésion sociale. La troisième raison tient à l’évolution du
débat politique qui semble plus orienté sur le développement du nombre de
followers réunis par une même indignation qu’au développement de leaders
capables de les rassembler autour d’une cause commune. Réagir semble être
devenu plus important que réunir.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Comment rendre notre pays plus
fraternel ? Francis Fukuyama apporte des éléments de réponse dans ses
travaux sur les facteurs de cohésion. Le premier facteur est la taille du
groupe avec lequel les citoyens interagissent au quotidien. Plus il est
large, plus il sera difficile au groupe de faire preuve d’empathie : des profiteurs
peuvent en effet bénéficier de l’action collective sans y contribuer en se
dissimulant derrière l'anonymat d’une collectivité trop grande pour que chacun
se connaisse. C’est moins le cas dans un village où les habitants s’appellent
par leur prénom. Le deuxième facteur est l’existence d’une frontière claire
entre ceux qui font partie du groupe et les autres – avec qui développer une
forte cohésion si le groupe a un périmètre flou ou mouvant ? Le troisième facteur
est la fréquence des relations au sein du groupe : si les membres de ce groupe
ont des relations régulières, chacun aura intérêt à collaborer dans la
perspective de bénéficier de cette coopération la prochaine fois.
Quatrièmement, l’existence de normes ou d’une culture commune facilitent la
compréhension mutuelle, l’alignement ou la résolution d’éventuels conflits.
Cinquièmement, le niveau de justice et l’équilibre des rapports de force :
ceux qui perçoivent la société comme inéquitable refuseront d’être fraternels
avec ceux qu’ils estiment bénéficier de privilèges à leurs dépens, quels que
soient leurs grades ou qualités. Le dernier critère est le niveau de
transparence des règles et des décisions : cette transparence rassurera chacun
que la société est conforme à ses promesses et assurera que l’on sanctionne les
comportements "anti sociaux" de certains groupes d’individus.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Pour résumer simplement ce que
nous disent ces facteurs, c’est qu’un pays plus décentralisé, moins inquiet de
l’étranger parce que rassuré sur son identité, moins hiérarchique, plus
équitable ou plus simple et transparent sera plus fraternel. Est-on bien sûr
qu’un tel programme n’intéresse personne ? </p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br /></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">https://longterme.fr</span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-66007656543933885962023-03-16T22:14:00.004+01:002023-05-28T23:09:16.066+02:00Stratégie IA : tirer les leçons de l’uberisation<p>Publié dans <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-ia-tirer-les-lecons-de-luberisation-1914981">Les Echos.</a></p><p>Il y a onze ans, Uber démarrait son activité en France. En 2016, le verbe uberiser était ajouté au Petit Robert. Les plateformes internet ont alors transformé l’emploi de deux façons. D’une façon directe liée à la disparition d’emplois d’interaction - ni Uber, ni les VTC, ni leurs clients ne passent plus de temps à la mise en relation entre clients et véhicules. Le deuxième effet tenait à l’augmentation des emplois de production (les chauffeurs), la demande étant stimulée par la baisse des prix et la plus grande efficacité des mises en relation.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjC6MAmr0yLSi9-ujU4X_Py7oqk29edeHjdNJQlD7ilaCA7-eZREGz0w38IpLGYQQFO9cPY1NgTHyafTTIJPL7vsThg0vH2v8c48Jkc4FPTgauXQh6yz7ST2lUOiXxvVRcMhKJxr5_DI3cx3JXM2LT_5AxvUEIlSav5m7fcUq3-ZjQrCCEWL_Ow57p5cQ/s1024/DALL%C2%B7E%202023-03-15%2022.51.48%20-%20an%20oil%20painting%20by%20Matisse%20of%20a%20humanoid%20robot%20playing%20chess.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjC6MAmr0yLSi9-ujU4X_Py7oqk29edeHjdNJQlD7ilaCA7-eZREGz0w38IpLGYQQFO9cPY1NgTHyafTTIJPL7vsThg0vH2v8c48Jkc4FPTgauXQh6yz7ST2lUOiXxvVRcMhKJxr5_DI3cx3JXM2LT_5AxvUEIlSav5m7fcUq3-ZjQrCCEWL_Ow57p5cQ/s320/DALL%C2%B7E%202023-03-15%2022.51.48%20-%20an%20oil%20painting%20by%20Matisse%20of%20a%20humanoid%20robot%20playing%20chess.png" width="320" /></a></div><p>L’uberisation a supprimé des emplois d’interaction (centres de relation des sociétés de taxi) mais elle a démultiplié les emplois de production : on compte à Paris 23.000 VTC alors que le nombre de taxis est resté d’environ 18.000. Le revenu des « insiders » (les chauffeurs de taxi) s’est réduit au profit de l’accès à l’emploi des « outsiders » (les chauffeurs de VTC) : le prix d’une plaque de taxi est passé de 220.000 à 120.000 euros. D’autres secteurs ont connu une situation similaire : les ventes de chaussures en magasin ont reculé au profit des ventes sur internet, avec pour conséquence le développement des marques de luxe (tirées par les influenceurs) et des marques low-cost (dont l’accès au client a été facilité) au détriment des marques dont le succès tenait davantage à un réseau de magasins.</p><p>L’IA génératrice, la technologie derrière les outils tels que ChatGPT, va-t-elle entrainer une transformation similaire ? Pour répondre à ces questions, nous avons décomposé l’emploi par secteur en trois catégories : production, interaction et conception. Les activités de production ont été les premières touchées par la mécanisation et la robotisation, mais les perspectives futures devraient s’équilibrer entre les gains de productivité et les relocalisations d’emplois. L’uberisation a transformé les secteurs qui dépendent d’emplois d’interaction. Mais ce sont les secteurs qui contiennent des emplois de conception qui seront touchés par l’IA génératrice : recherche, enseignement, conseil, juridique, ingénierie ou services informatiques. Avec trois conséquences : d’abord, les entreprises les plus promptes à tirer partie de ces technologies gagneront en compétitivité. Ensuite, l’évolution de l’emploi dépendra de la capacité de ces secteurs à proposer plus pour moins car comme le montre l’exemple des traducteurs, il n’y a en effet pas de fatalité à une réduction de l’emploi : les traductions grossières (notices de produits bas de gamme) sont uniquemnt réalisées par des logiciels mais les traductions de qualité (une traduction automatique suivie d’une correction humaine) ont vu leur coût réduit et leur accès facilité, avec au total plus de travail pour les traducteurs qui se sont adaptés à ces évolutions. Enfin, si les services de conception sont locaux, ils devront utiliser des composants logiciels (chatGPT ou autre) généralement mondiaux qui prélèveront une « dîme numérique » sur chaque service rendu.</p><p>On peut en déduire ce que devrait être une stratégie française. Premièrement, assurer que les entreprises outillent leurs salariés au plus vite au lieu de vouloir comme certaines écoles interdire l’outil –en agissant sur les formations ou les efforts des filières plutôt qu’en créant des aides ou des guichets publics qui n’ont jamais été source de compétitivité. Ensuite, simplifier les régulations sectorielles et garantir un effet emploi positif, en tirant les leçons du cas des VTC ou des traducteurs. Pour limiter la « dime numérique », le chemin pour l’Europe passe probablement plus par l’open-source que la création d’un « airbus de l’IA ». Une autre voie est le projet promu par Tim Berners-Lee, l’inventeur du web : permettre à chacun de conserver la propriété de ses données et le contrôle des applications qui les utilisent. Cette vision reste à affiner, mais elle donnerait un avantage certain à nos pays aux régulations protectrices, tout en rendant au consommateur la valeur tirée de ses données.</p><p><br /></p><p><br /></p><p><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-4389967000436921922023-03-10T21:52:00.004+01:002023-05-28T23:09:29.852+02:00Penser aux futurs retraités, pas seulement aux régimes<p><span style="font-size: medium;"><a href="https://www.lopinion.fr/politique/penser-aux-futurs-retraites-pas-seulement-aux-regimes-la-tribune-de-vincent-champain">Publié dans l'Opinion le 8 mars</a> </span></p><p><span face="Arial, "sans-serif"" style="background-color: white; color: #212121; text-align: justify;">Le débat public sur la retraite pose quatre questions. D’abord, le
système collectif est-il juste ? Pourra-t-il tenir ses promesses ?
Ces promesses sont-elles comprises de chacun ? Compte tenu de ce qu’il en
comprend, chacun peut-il définir un complément individuel dans de bonnes
conditions ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB7loQtykJH5c4hhVL4T03B2M2OdKbb2Y4qgKju3rQVPBEGin0mFdj-BMAOG7mWt-uMKXO0fHua9seNRXSJc0keDiOEncpgQMe1E4cZd8UZrv-UBy3T7PsxljQ2sdvwjktXg4RPvG6GPNkW6YWHBjD0RaK4eA8Jrj4MSBj3DKmCkq2ITv2iYzMpfmCLA/s1024/DALL%C2%B7E%202023-03-08%2021.51.05%20-%20an%20impressionist%20painting%20of%20an%20old%20man%20taking%20money%20from%20younger%20persons,%20award%20winning%20picture.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhB7loQtykJH5c4hhVL4T03B2M2OdKbb2Y4qgKju3rQVPBEGin0mFdj-BMAOG7mWt-uMKXO0fHua9seNRXSJc0keDiOEncpgQMe1E4cZd8UZrv-UBy3T7PsxljQ2sdvwjktXg4RPvG6GPNkW6YWHBjD0RaK4eA8Jrj4MSBj3DKmCkq2ITv2iYzMpfmCLA/s320/DALL%C2%B7E%202023-03-08%2021.51.05%20-%20an%20impressionist%20painting%20of%20an%20old%20man%20taking%20money%20from%20younger%20persons,%20award%20winning%20picture.png" width="320" /></a></div><br /><p></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La justice d’un système de retraite se juge d’abord à sa capacité à éviter la
pauvreté en fin de vie. C’est notamment le rôle de l’ASPA qui assure environ 70% du
SMIC aux plus de 65 ans n’ayant jamais cotisé, mais aussi des prestations,
notamment celles en faveur de la dépendance (jusqu’à 1900 euros par mois) ou
l’assurance maladie (la France est en tête des pays européens en termes de
dépenses publiques de santé, celles des plus 75 ans représentant 5 fois celles
des actifs). Le deuxième objectif est l’égalité actuarielle, c'est-à-dire
l’égalité vis-à-vis du rapport entre retraite obtenue et cotisations versées. La
fin de la plupart des régimes dérogatoires y a nettement contribué, mais on
notera que la proposition créant un système par point unique au lieu de régimes
séparés serait allé en sens inverse en créant une subvention massive des non
cadres vers les cadres, ces derniers vivant plus longtemps. Certains veulent
confier au système de retraite un rôle supplémentaire, par exemple de
redistribuer entre revenus du capital et du travail. Quoiqu’on pense de ce débat,
il n’a aucune raison de se limiter aux retraités mais doit trouver sa place ans
le débat sur les politiques de prélèvements, d’allocations ou de services
publics. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 11.5pt; margin: 11.5pt 0cm 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La capacité du système
de retraite à tenir ses engagements a fait l’objet de la plupart des réformes
et les prévisions d’équilibre du Conseil d'orientation des retraites ont contribué
à clarifier ce débat. La question posée par la réforme actuelle est celle du
niveau de prudence de ces prévisions : faut-il garantir l’équilibre même dans des
hypothèses de croissance, de chômage ou de durée de vie prudentes ou rendre probables
de nouvelles réformes demain ? La difficulté de ce type de réforme et
l’incertitude qu’elles induisent quand elles se succèdent trop vite devrait
nous pousser vers la prudence.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 11.5pt; margin: 11.5pt 0cm 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">S’agissant de la
transparence, seuls les bénéficiaires de minimas sociaux ou ceux des régimes garantissant
un pourcentage du dernier salaire ont une vision claire sur le niveau de
retraite auquel ils pourront prétendre. La pire situation est celle des jeunes,
dont un nombre croissant considère – à tort – qu’il n’aura rien du tout. L’incertitude
règne également sur le niveau de dépense auquel chacun devra faire face en
fonction de sa situation familiale. Par exemple, seuls ceux qui y ont été
confrontés savent que le séjour moyen en EHPAD en région parisienne coûtera
140.000 euros, avant lequel il faudra souvent prévoir une phase d’aide à
domicile.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 11.5pt; margin: 11.5pt 0cm 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">On doit enfin noter
que les réformes successives nous ont fait passer d'un système assez généreux
pour couvrir tous les besoins des retraités à une situation où chacun doit
constituer une épargne complémentaire. Or ceux qui le font sont confrontés à
une jungle opaque, et les frais prélevés sur cette épargne constituent
désormais un enjeu supérieur à celui du financement des régimes. Ainsi,
entre l’épargne retraite aux frais les plus élevés du marché et aux frais les
plus bas, la différence du montant de la rente après une vie d’épargne est d’un
tiers. En outre, la création de niches fiscales réservées à des produits
purement français pousse les frais à la hausse, par rapport aux niveaux bien
plus bas des des produits soumis à une concurrence internationale. De même l’investissement
« responsable » augmente le cout de l’épargne pour un bénéfice social
discutable. Les scandales récents ont enfin prouvé l’intérêt pour les futurs
retraités de mieux encadrer les couts comme les pratiques des EHPAD. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 11.5pt; margin: 11.5pt 0cm 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Au total, les réformes
ont jusqu’ici d’abord cherché à consolider la situation des régimes de
retraite. Nous devrons à l’avenir nous intéresser davantage à la situation des futurs
retraités.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 11.5pt; margin: 11.5pt 0cm 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 11.5pt; margin: 11.5pt 0cm 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; margin-left: 0cm; margin-right: 0cm; margin-top: 11.5pt; margin: 11.5pt 0cm 0cm; text-align: justify;"><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #212121; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">(c) https://longterme.org </span><span style="color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">https://longterme.fr</span></span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-36676531631472028882023-01-18T09:39:00.001+01:002023-05-28T23:09:47.234+02:00 Dérèglement climatique : le risque de l’insignifiance<p><span face="Arial, Helvetica, sans-serif" style="background-color: white; color: #222222; font-size: small; text-align: justify;">Publié dans Les Echos le décembre 2022</span></p><p><span face="Arial, Helvetica, sans-serif" style="background-color: white; color: #222222; font-size: small; text-align: justify;">La COP 21 s’est conclue en 2015 sur l’objectif de limiter le réchauffement par rapport au 19</span><sup style="background-color: white; color: #222222; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; text-align: justify;">e</sup><span face="Arial, Helvetica, sans-serif" style="background-color: white; color: #222222; font-size: small; text-align: justify;"> </span><span face="Arial, Helvetica, sans-serif" style="background-color: white; color: #222222; font-size: small; text-align: justify;">siècle à 1.5 degrés. Nous en sommes à 1.2 degrés. La hausse dépassera 2 degrés en 2100 et continuera tant que les émissions nettes de gaz à effet de serre seront positives. Or les français en émettent actuellement 9 tonnes par an, en incluant les émissions induites par nos importations. Ces émissions ont baissé de 23% depuis trente ans mais elles devraient baisser de 22% en moins de dix ans pour tenir nos engagements à 2030 et de 75% par atteindre des émissions nettes nulles en 2050. A cet horizon, notre budget carbone annuel sera de 1.1 tonne de CO2 par habitant.</span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZEw92rWZuUBU8xtXIfb5qCkQaSqt-nXQw-o4GECT_ngSJ0s4_DFCrxPYiP79uEcPy0Or806U4rtJnMXc5eTZNjbGWYGo_NQoNcqS97uy-wP00eYJJbq11hu1ZLX2yA1NYB1tlbAUuiVe5OLfvxpVUCavz864e1AKYxoFdmX2nbuVxwPvWX8ikoVbZ1g/s1024/DALL%C2%B7E%202022-12-12%2019.12.54.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZEw92rWZuUBU8xtXIfb5qCkQaSqt-nXQw-o4GECT_ngSJ0s4_DFCrxPYiP79uEcPy0Or806U4rtJnMXc5eTZNjbGWYGo_NQoNcqS97uy-wP00eYJJbq11hu1ZLX2yA1NYB1tlbAUuiVe5OLfvxpVUCavz864e1AKYxoFdmX2nbuVxwPvWX8ikoVbZ1g/s320/DALL%C2%B7E%202022-12-12%2019.12.54.png" width="320" /></a></div><br /><span face="Arial, Helvetica, sans-serif" style="background-color: white; color: #222222; font-size: small; text-align: justify;"><br /></span><p></p><div class="m_-8075942228816160806WordSection1" style="background-color: white; color: #222222; font-family: Arial, Helvetica, sans-serif; font-size: small;"><p class="MsoNormal" style="line-height: 14.95px; margin: 0px 0px 10pt; text-align: justify;"><u></u></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 14.95px; margin: 0px 0px 10pt; text-align: justify;">Ce défi nous imposera des changements majeurs : une tonne, cela correspond à trois allers en avion pour le Qatar, 4000 km en voiture thermique ou ce qu’émet la construction d’un mètre carré de logement. Une alimentation végétarienne consomme à elle seul le tiers de ce budget carbone : quels que soient les efforts individuels pour éviter la viande ou les emballages inutiles, des transformations massives seront nécessaires dans la façon de produire, de transformer et de transporter nos aliments si nous voulons avoir une chance de tenir les objectifs à 2050.<u></u><u></u></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 14.95px; margin: 0px 0px 10pt; text-align: justify;">Dans ce contexte, le premier risque est le renoncement – considérer que la tâche serait d’une telle ampleur qu’une hausse sans fin des températures serait une fatalité. Ce serait une insulte à la fois aux générations futures et à l’intelligence de celles d’aujourd’hui. En effet, des transformations massives et naguère jugées inatteignables ont pu être réalisées pour éliminer les produits responsables du trou de la couche d’ozone. L’économie mondiale a survécu à la fin à l’ignominie de l’esclavage, se privant d’une force de travail peu couteuse sans substitut évident à l’époque. Le monde a su vivre avec moins d’énergie – certes d’une façon très différente – à des époques auxquelles nos solutions de maitrise de l’énergie étaient peu développées. Enfin il existe déjà des moyens pour réduire fortement les émissions – passer d’une électricité au charbon à une électricité nucléaire permettrait de diviser par près de 200 les émissions – auxquelles il ne manque qu’une volonté cohérente dans le temps.<u></u><u></u></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 14.95px; margin: 0px 0px 10pt; text-align: justify;">Plus pernicieux est le risque de l’insignifiance – préférer une multitude de petits pas à quelques grandes enjambées tout en pensant apporter une contribution suffisante au défi climatique. C’est d’autant plus tentant qu’une « coalition du greenwashing » se met en place pour nous conforter dans l’idée qu’il vaut mieux éteindre sa box internet (quelques kilos de CO2) plutôt que revoir ses destinations de vacances (quelques tonnes), investir « vert » plutôt que financer des travaux à son domicile, se contenter d’annonces peu quantifiées (certaines entreprises feraient mieux de ne rien faire ou de planter des arbres), refuser des régulations efficaces ou promouvoir le financement de chimères technologiques aux détriments des solutions éprouvées et de voies scientifiques prometteuses.<u></u><u></u></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 14.95px; margin: 0px 0px 10pt; text-align: justify;">A l’inverse, la solution n’est pas d’imposer un mode vie unique donnant à certains le droit de considérer comme superflu pour les autres ce qu’ils ne consomment pas. Une saucisse ou un kilomètre en taxi génèrent autant de CO2 : ceux qui consomment les seconds mais pas les premières devraient éviter de critiquer le choix inverse au nom de la cause climatique. Et noter qu’une polémique sur le choix entre steak et climat émettra en CO2, parce qu’elle sera relayée des milliers de fois sur internet, plus de 6000 « équivalents saucisses».<u></u><u></u></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 14.95px; margin: 0px 0px 10pt; text-align: justify;">Ce qui importe, c’est que chacun fasse des efforts suffisants en restant maître de ses choix. Il faut pour cela un mètre-étalon commun : le prix du CO2. Il doit inspirer toute décision prise au nom du climat, être accompagné par des aides compensatoires aux revenus pour les plus modestes et une politique de recherche ambitieuse. Il faut enfin une communication factuelle, moins soucieuse de storytelling que d’assurer que les efforts progressent au rythme nécessaire, en France et dans le monde.<u></u><u></u></p><p class="MsoNormal" style="line-height: 14.95px; margin: 0px 0px 10pt;">Vincent Champain est dirigeant d’entreprise et co-président de l’Observatoire du Long Terme, think tank dédié aux enjeux de long terme.<u></u><u></u></p><div><br /></div><div><br /></div><div><span lang="FR" style="font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></div></div> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-27692776075436336902023-01-15T09:43:00.004+01:002023-05-28T23:11:25.472+02:0050 millions de bugs par an<p>Publié dans <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-pourquoi-autant-de-bugs-informatiques-1876335">Les Echos le 22 novembre 2022.</a> </p><p><span style="font-family: "Times New Roman", "serif"; font-size: 13.5pt; text-align: justify;">Qui n’a pas perdu patience un jour devant
une machine ou une application bloquée en se demandant pourquoi il y a autant
de bogues informatiques ?</span></p><p><span style="font-family: "Times New Roman", "serif"; font-size: 13.5pt; text-align: justify;"><br /></span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkCFDhMVoFpDIQ0kbxRQ87Luv6rx72xpaDdbBgND73JlilxcvDmJNUFcfEKzVXuaYwwKQ9OcPgu3pn3wapPqtaeptftvlBEDrW4vvhuD2_Tgk2VA7WlTJuPBD9uX6zaLWTUlvt9uf0c14fS0DRf9BFslweU75zbwSQqwFCn22M-XapGC86va35kiU7LQ/s1024/DALL%C2%B7E%202023-01-15%2009.42.31%20-%20computer%20scientists%20falling%20spectacularly%20in%20a%20very%20ordered%20city,%20award%20winning%20picture,%20polaroid%20style,%20detailed%20picture.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkCFDhMVoFpDIQ0kbxRQ87Luv6rx72xpaDdbBgND73JlilxcvDmJNUFcfEKzVXuaYwwKQ9OcPgu3pn3wapPqtaeptftvlBEDrW4vvhuD2_Tgk2VA7WlTJuPBD9uX6zaLWTUlvt9uf0c14fS0DRf9BFslweU75zbwSQqwFCn22M-XapGC86va35kiU7LQ/w400-h400/DALL%C2%B7E%202023-01-15%2009.42.31%20-%20computer%20scientists%20falling%20spectacularly%20in%20a%20very%20ordered%20city,%20award%20winning%20picture,%20polaroid%20style,%20detailed%20picture.png" width="400" /></a></div><br /><span style="font-family: "Times New Roman", "serif"; font-size: 13.5pt; text-align: justify;"><br /></span><p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le coût des défauts logiciels est considérable :
entre 20 et 200 milliards par an pour un pays comme la France, dont une part
importante liée à des problèmes de cybersécurité. Mais y-a-t-il plus de défauts
dans les logiciels que dans les automobiles, ce secteur étant reconnu pour sa
maîtrise des processus et de leur qualité ? Le taux de rappel des
véhicules automobiles est connu avec précision, contrairement à la situation
qui prévaut pour les logiciels. Il est donc difficile de faire des comparaisons,
mais le taux de rappel des voitures est loin d’être négligeable : il est
de 7.5 % aux Etats-Unis et il progresse régulièrement. Par ailleurs les
accidents coûtent chaque année en France plusieurs dizaines de milliards. Ils
ont des causes multiples, comme des erreurs de comportement (alcool) ou des
éléments extérieurs (état de la route, pluie,…), mais il en va de même pour les
logiciels : un problème de cybersécurité est un cocktail comprenant une faille
informatique, un attaquant désireux de l’exploiter et une victime mal protégée.
Enfin, les Parisiens perdent l’équivalent de 8% de leur temps de travail dans
les embouteillages. Il serait malhonnête de le reprocher aux constructeurs
automobiles, mais certains problèmes logiciels sont également causés par des
réseaux mal dimensionnés.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;"><b><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">L’industrie logicielle mange tout</span></b><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La cause la plus étonnante, mais pas la
plus fréquente, des bogues tient aux rayons cosmiques qui nous inondent en
permanence : ils causent une erreur tous les 4 ans sur un téléphone mobile
et en causeraient une par jour par Datacenter s’ils n’étaient pas conçus pour
absorber ce type d’erreur. Passons également sur la petite minorité d’éditeurs
qui préfèrent un mauvais développement à l’heure à un développement correct en
retard. Ils adaptent à l’informatique la maxime d’Audouard (« Une nouvelle
plus un démenti, cela fait deux informations ») : un mauvais logiciel puis
une mise à jour cela fera deux ventes.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La croissance du nombre de bogues tient avant
tout au fait qu’il y a de plus en plus d’applications de plus en plus complexes.
On le résume en disant que le logiciel mange tout : de plus en plus de
tâches (comptabilité, traduction, archives, gestion des fournisseurs, production
de rapports...) sont remplacées par des logiciels. Premièrement, le nombre de
logiciel et donc de bogues augmente. Ensuite nous dépendons de plus en plus des
logiciels, ce qui rend ces défauts plus visibles : une panne réseau causait
jadis un retard du courrier électronique alors qu’elle bloquera une entreprise passée
au télétravail et à la visioconférence. Enfin, cette croissance augmente le
besoin en développeurs plus vite que les écoles ne peuvent en fournir. Or la
productivité et la qualité d’un programmeur peut varier dans un rapport de 1 à
20 - ce qui explique à la fois l’envolée des salaires dans les entreprises qui de
donnent les moyens d’attirer les meilleurs talents et les problèmes de qualité
rencontrés par les entreprises qui font l’inverse. Troisièmement, le
développement logiciel ne consiste plus depuis longtemps à aligner les lignes
de code, mais relève davantage d’un travail d’ensemblier de système complexe qui
assemble des composants d’origines multiples (fournisseurs, logiciel libre, code
repris d’autres logiciels,…). Et quand ces composants ont des défauts, les
conséquences sont massives : la faille de la composante « Log4j »
a ainsi créé une vague de failles de sécurité qui a touché plus de la moitié
des entreprises.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Il existe évidemment des méthodes d’assurance qualité, des outils et des
langages pour réduire ces problèmes, mais même une entreprise qui les maitrise
correctement produira encore plus d’un bogue par centaine de lignes de code et dont
5% survivront aux tests et se retrouveront dans le logiciel mis sur le marché. Le
monde produisant des dizaines de milliards de lignes de code chaque année, il
continuera à produire des millions de bogues par an.<o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;"><br /></p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; mso-margin-bottom-alt: auto; mso-margin-top-alt: auto;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-31573001638423545442023-01-13T19:56:00.005+01:002023-05-28T23:12:34.802+02:00Savoir échouer pour mieux innover<p> Paru dans <a href="https://www.optionfinance.fr/innovation/risques-savoir-echouer-pour-mieux-innover.html">Option Finance</a> le 9 janvier.</p><p>
</p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Notre époque est à la fois
marquée par l’accélération de l’innovation – l’intelligence artificielle ou la
médecine personnalisée ont fait des pas de géant ces dernières années – et une forte
aversion au risque, comme en témoignent le principe de précaution ou la
difficulté croissante à débattre des enjeux de long terme face à la
« twitterisation » du débat public. Or qu’il s’agisse des grandes
avancées technologiques ou des petits pas quotidiens de la productivité, on n’innove
pas sans prendre des risques.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPNEDDGSNgc5TtBev1NWxqcFdfwDlZ71duIUDyEBSIzDXbkfIN8a3NABNmflwVr2hpxq8ZQjhPDrmtWcqV-EmTrKNU1LwvHsiea9q2PkQBzpG4aO-3XRdlVRKx8y2n-93JF5Vm_GiOD9baz295GlkvFFPdsnwQBZGlkcQv8CrzuBQSxXOEqqZo0-rvUg/s1024/DALL%C2%B7E%202023-01-13%2019.55.09%20-%20a%20realistic%20picture%20of%20an%20innovator%20falling%20on%20a%20trampoline,%20warm%20colors,%203D%20rendering,%20award%20winning%20picture.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhPNEDDGSNgc5TtBev1NWxqcFdfwDlZ71duIUDyEBSIzDXbkfIN8a3NABNmflwVr2hpxq8ZQjhPDrmtWcqV-EmTrKNU1LwvHsiea9q2PkQBzpG4aO-3XRdlVRKx8y2n-93JF5Vm_GiOD9baz295GlkvFFPdsnwQBZGlkcQv8CrzuBQSxXOEqqZo0-rvUg/s320/DALL%C2%B7E%202023-01-13%2019.55.09%20-%20a%20realistic%20picture%20of%20an%20innovator%20falling%20on%20a%20trampoline,%20warm%20colors,%203D%20rendering,%20award%20winning%20picture.png" width="320" /></a></div><br /><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br /></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><u>Pas d’innovation radicale sans
surmonter des risques et des déconvenues <o:p></o:p></u></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Les grandes avancées
technologiques de notre histoire ont nécessité de passer par des erreurs ou des
échecs. Tout le monde se souvient du premier pas de l’homme sur la lune le 20
juillet 1969, mais qui se souvient des difficultés qui ont précédé ces pas ?
Pourtant, le programme Apollo a mobilisé plus de 150 milliards et 400.000
hommes, largement plus que le budget initial. Le programme a connu des déconvenues
et des retards multiples, à tel point que trois ans avant l’alunissage Samuel Phillips,
chargé de clarifier les causes du retard et des surcoûts du programme spatial,
accompagnait son rapport de cette mise en garde : « Même après prise en
compte des éléments positifs, je n’ai pas pu trouver de raisons solides qui
donneraient confiance dans la performance future du programme ». Le vaisseau
spatial, initialement estimé à 400 millions de dollars, coûta finalement
neuf fois plus. Un incendie a emporté l’équipage d’Apollo 1 deux ans et demi
avant Apollo 11. En 1970, c’est l’explosion d’Apollo 13 - le fameux « Houston,
on a un problème » du film avec Tom Hanks. En 1982, une mise à jour
logicielle erronée causa la perte de Viking I, parti explorer Mars. En 1986, le
vaisseau Challenger explose 73 secondes après son décollage, emportant
l’ensemble de l’équipage à cause de la défaillance d’un joint à 70 centimes.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Tous ceux qui ont eu l’occasion
d’être impliqués dans des grands programmes connaissent la solitude du
directeur de projets face aux difficultés et l’incompréhension de ceux qui ne
se sont jamais engagés dans ce type d’aventure. Les plus cyniques souligneront
que lancer des projets ambitieux dans des cultures impropre conduit à une séquence
bien établie :</p>
<p class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="margin-left: 1cm; mso-add-space: auto; mso-list: l0 level1 lfo1; text-align: justify; text-indent: -14.15pt;"><!--[if !supportLists]--><span style="mso-ascii-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri;"><span style="mso-list: Ignore;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]-->D’abord, <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">l’enthousiasme</b> du démarrage, lors duquel chacun cherche à
s’associer au projet ;</p>
<p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="margin-left: 1cm; mso-add-space: auto; mso-list: l0 level1 lfo1; text-align: justify; text-indent: -14.15pt;"><!--[if !supportLists]--><span style="mso-ascii-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri;"><span style="mso-list: Ignore;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]-->Puis les <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">doutes</b>
qui suivent les premières difficultés, inhérentes aux projets complexes
puisqu’il s’agit de trouver une solution nouvelle à un problème difficile :
certaines voies devront être abandonnées et des erreurs détectées lors des
multiples vérifications devront être corrigées ;</p>
<p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="margin-left: 1cm; mso-add-space: auto; mso-list: l0 level1 lfo1; text-align: justify; text-indent: -14.15pt;"><!--[if !supportLists]--><span style="mso-ascii-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri;"><span style="mso-list: Ignore;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]-->Suit <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">l’hystérie</b>
qui accompagne les annonces d’augmentation des délais et des coûts, avec la
multiplication d’audits et de procédures de contrôle ;</p>
<p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="margin-left: 1cm; mso-add-space: auto; mso-list: l0 level1 lfo1; text-align: justify; text-indent: -14.15pt;"><!--[if !supportLists]--><span style="mso-ascii-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri;"><span style="mso-list: Ignore;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]-->Vient ensuite <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">la recherche de coupables</b>, qui vise à chercher un responsable aux
problèmes rencontrés même lorsqu’il s’agit de risques inhérents au projet ;</p>
<p class="MsoListParagraphCxSpMiddle" style="margin-left: 1cm; mso-add-space: auto; mso-list: l0 level1 lfo1; text-align: justify; text-indent: -14.15pt;"><!--[if !supportLists]--><span style="mso-ascii-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri;"><span style="mso-list: Ignore;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]-->Ensuite, on assiste à <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">la punition des innocents</b>, consistant à sanctionner les personnes
qui ont eu la malchance de participer au projet ;</p>
<p class="MsoListParagraphCxSpLast" style="margin-left: 1cm; mso-add-space: auto; mso-list: l0 level1 lfo1; text-align: justify; text-indent: -14.15pt;"><!--[if !supportLists]--><span style="mso-ascii-font-family: Calibri; mso-bidi-font-family: Calibri; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-hansi-font-family: Calibri;"><span style="mso-list: Ignore;">-<span style="font: 7pt "Times New Roman";">
</span></span></span><!--[endif]-->Le cycle s’achève par la <b style="mso-bidi-font-weight: normal;">promotion de ceux qui n’ont pas été impliqués dans le projet</b>.</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Or pour réussir des innovations
de rupture, il faut faire l’inverse : permettre d’explorer des voies nouvelles
même si certaines sont vouées à l’échec, garder son calme face aux imprévus et
construire un plan et un budget laissant assez de marges de manœuvre, et valoriser
ceux qui prennent des risques par rapport à ceux qui passent en revue. Car le
risque est inhérent aux projets ambitieux : les méga projets industriels
sont 85 % à finir hors budget et ce taux atteint 90% pour les projets
d’infrastructure (+2000% pour le Canal de Suez). Le surcoût dépasse 80% dans
23% des grands projets informatiques. Une partie de ces dépassements est liée à
la conception, la gestion ou la gouvernance du projet, voire à un excès
d’optimisme. Mais ces aléas tiennent aussi à l’impossibilité à prévoir
totalement des programmes dont une grande partie des détails ne sont pas connus
au démarrage. Il est plus facile de respecter le calendrier de
construction de la centième maison d’un lotissement ou d’un site de rencontres
en ligne que d’envoyer un cosmonaute sur une autre planète, construire un
nouveau type de centrale nucléaire ou d’éradiquer le virus du Sida. </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><u>Les bugs : la fumée qui
accompagne le feu numérique<o:p></o:p></u></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none;">On a
coutume de dire que le « logiciel mange tout », c'est-à-dire qu’une
part croissante des activités est remplacée par des logiciels. Cette évolution
est globalement favorable, mais elle s’accompagne de deux tendances vues de
façon moins positive : la hausse des couts informatiques, et l’importance
croissante des bugs dans notre vie quotidienne.</p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none;"><o:p> </o:p></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none;">Les
directions informatiques sont les premières victimes de la croissance du
numérique : la productivité de tout le monde augmente (assistantes,
archivistes, comptables, magasiniers,…) mais au prix de dépenses
supplémentaires en informatique et d’une dépendance accrue aux infrastructures
informatiques. Quels que soient les efforts de maitrise des couts, les budgets
informatiques augmentent régulièrement, souvent dans l’incompréhension des
directions financières (dont les tâches sont pourtant parmi les plus
automatisables). Par ailleurs, cette évolution entraîne une dépendance croissante
au numérique, qui génère des surcouts supplémentaires pour renforcer la qualité
de service, ou aider les collaborateurs à comprendre et utiliser les outils mis
à leur disposition. En effet, le moindre problème de disponibilité du réseau
d’entreprise génère désormais des foules d’utilisateurs mécontents : une
panne de réseau de 5 minutes passait inaperçue lorsque l’email était le
principal outil informatique, elle bloque désormais les entreprises qui
télétravaillent. De la même façon toute nouvelle solution (ordinateur,
logiciel, dispositif de sécurité…) induit des couts d’accompagnement pour la
majorité des personnes qui ne maitrisent pas le fonctionnement de leurs outils
dans les cas les moins simples.</p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none;"><o:p> </o:p></p>
<p class="MsoNormal">Le développement de l’importance du logiciel dans notre vie
quotidienne entraine également une augmentation croissante du nombre de bugs.
En effet, de plus en plus de personnes réalisent des logiciels ou les
paramètrent – les métiers de l’informatique sont désormais, de loin, le premier
débouché scientifique – et un nombre croissant de lignes de codes. Or les bons
développeurs sont rares, et la productivité ou la qualité du travail d’un
développeur peut facilement varier dans un ratio de 1 à 20. En outre, le
développement logiciel est devenu en grande partie un travail d’ensemblier de
système complexe, consistant à assembler des composantes d’origines diverses
(commerciales, open source, ancien codé réalisé dans la même entreprise,…). Or
personne n’a une connaissance intime de chaque ligne de chacune de ces
composantes, et chacun d’entre elles aura son lot de problèmes de qualité.
Récemment, le défaut d’une de ces composantes (Log4j) a ainsi créé une crise
mondiale (voir<span style="mso-spacerun: yes;"> </span><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Log4j"><span color="windowtext" style="text-decoration: none; text-underline: none;">https://fr.wikipedia.org/wiki/Log4j</span></a>).
Enfin, il faut bien reconnaitre qu’une partie de ces développements sont
parfois réalisés en dehors de tout cadre assurant un niveau minimum de qualité
ou avec un sens des priorités douteux. On prête ainsi la citation suivante au
responsable produit d’un éditeur logiciel « Je préfère un mauvais logiciel
à un logiciel en retard, vendre un correctif plus tard ou un service de
maintenance augmentera mes revenus. »</p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-layout-grid-align: none; text-align: justify; text-autospace: none;">Et <span style="mso-spacerun: yes;"> </span>par conséquent le nombre d’erreurs augmente. Un
développement réalisé par un éditeur sérieux leader dans son domaine contiendra
encore 10 à 20 défauts par millier de lignes de code détectés durant la phase
de tests. Il restera cinq à un défaut pour dix mille lignes de code dans les
produits mis sur le marché, en fonction de l’intensité des efforts de
l’entreprise<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>[dont environ deux tiers
seront identifiés lors de la première année d’utilisation. Le monde produisant
des dizaines de milliards de lignes de code chaque année, il va donc produire
des millions de bugs par an. Ces bugs sont de plus en plus présents dans notre
vie – ils ont déjà entrainé des pannes de trains, des crises énergétiques ou
des blocages de l’espace aérien. D’une certaine façon ils sont la
fumée qui accompagne le feu digital : pas de productivité sans
bugs !</p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Certes il existe des méthodes pour
réduire le nombre de défauts, mais même appliquées à des produits reproduits à
l’identique à des millions d’exemplaires (ce que ne sont pas les logiciels, qui
répondent à des besoins nouveaux à chaque fois), elles laissent passer des
failles. Ainsi, le taux de défauts sur les nouveaux véhicules est loin d’être
négligeable (plus de 7%, et il augmente régulièrement) alors même que
l’industrie automobile est l’une des plus avancées dans les méthodes de qualité
et d’excellence opérationnelle ! </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;">Pour 2023, plutôt que nous
souhaiter du bonheur, de la santé et de la chance, souhaitons-nous plutôt ce
qui constitue la meilleure voie pour les obtenir durablement : retrouver
le droit à l’erreur, rester unis face aux aléas et garder un cap à long terme
malgré les difficultés immédiates ! </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br /></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><br /></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">https://longterme.fr</span></p><p></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-68539039250220763382022-12-27T08:13:00.005+01:002023-05-28T23:11:38.299+02:00La loi de Moore s'épuise, place au "more the Moore""<p> Publié dans <a href="https://www.lopinion.fr/economie/apres-la-loi-de-moore-le-more-than-moore-la-tribune-de-gilbert-cette-et-vincent-champain">l'Opinion le 25 decembre</a></p><p><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Georgia, times; font-size: 16px;">Gordon Moore, l’un des fondateurs d’Intel, a énoncé en 1965 une prévision appelée depuis « la loi de Moore » : le doublement, tous les deux ans, du nombre des transistors d’un circuit intégré. L’anticipation de Moore s’est vérifiée durant plus d’un demi-siècle, le nombre de transistors d’un microprocesseur passant ainsi d’environ 1000 en 1970 à plus de 10 milliards en 2020. Cette croissance exponentielle est à la base de la révolution des technologies de l’information et de la communication et du développement vertigineux des capacités de calcul.</span></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhP9HxtxVQBz4pVUmu8vqG3dQw3D8_1TNkS40a9Ul-B-k_HotO85uoiyvf9Kp4ZY2PFfiJzR06PQ84At4UClCvhVBFCX64EttYDeoEsgNfSiwlfRKj_pPyf6iJFh2tDVqcJ3Z6s7nZkfWx-wV1n1q_Ln9jADC08jXoZJ281dr9r5KgBCT2JWxyqnZtI1Q/s1024/DALL%C2%B7E%202022-12-27%2017.30.54.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhP9HxtxVQBz4pVUmu8vqG3dQw3D8_1TNkS40a9Ul-B-k_HotO85uoiyvf9Kp4ZY2PFfiJzR06PQ84At4UClCvhVBFCX64EttYDeoEsgNfSiwlfRKj_pPyf6iJFh2tDVqcJ3Z6s7nZkfWx-wV1n1q_Ln9jADC08jXoZJ281dr9r5KgBCT2JWxyqnZtI1Q/s320/DALL%C2%B7E%202022-12-27%2017.30.54.png" width="320" /></a></div><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Georgia, times; font-size: 16px;"><br /></span><p></p><p><span style="background-color: white; color: #333333; font-family: Georgia, times; font-size: 16px;">On observe néanmoins un épuisement progressif de la « la loi de Moore ». Des limites physiques empêchent d’augmenter à l’infini le nombre de transistors : ils atteignent actuellement 3 nanomètres, soit 15 atomes de silicium. Dans le même temps, les coûts de R&D et de construction d’une usine de microprocesseurs permettant de demeurer proche de la « la loi de Moore » augmentent de façon exponentielle : plus de 10 milliards pour l’usine qui gravera les transistors de 3 nanomètres.</span></p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; margin: 20px 0px;">Cela suffit à certains pour prophétiser l’épuisement de la loi de Moore, le tarissement des gains de productivité et la fin prochaine du progrès technique tel que nous le connaissons. Une telle perspective aurait des conséquences graves. Sans ces gains de productivité, les grands défis auxquels nous devons faire face – transition climatique, <a class="Link" data-cms-ai="0" href="https://www.lopinion.fr/economie/comment-le-monde-fait-face-au-vieillissement-de-la-population-en-10-innovations" style="background-color: transparent; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; text-decoration-line: none; touch-action: manipulation;">vieillissement de la population</a>, désendettement public, … – se traduiront par des renoncements et de violents conflits de répartition.</p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; margin: 20px 0px;">Heureusement, il y a de sérieuses raisons d’envisager des perspectives plus favorables : l’épuisement de la « la loi de Moore » ne siffle pas la fin du progrès technologique et le tarissement des gains de productivité, dont la faiblesse actuelle s’explique par d’autres causes. Il existe plusieurs pistes technologiques pour prendre la relève de la « la loi de Moore ». A long terme, l’informatique quantique devrait ainsi se traduire par une <a class="Link" data-cms-ai="0" href="https://www.lopinion.fr/hotspot/la-nsa-investit-dans-linformatique-quantique-pour-forcer-tout-type-de-chiffrement" style="background-color: transparent; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; text-decoration-line: none; touch-action: manipulation;">progression explosive des capacités de calcul de tous les produits technologiques</a>.</p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; margin: 20px 0px;"><span style="background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; font-weight: 700;">Gains de performance. </span>D’ici là, les puces 3D permettront de continuer à densifier les circuits intégrés en empilant en trois dimensions au lieu de deux les transistors. Cette évolution pourrait nous offrir au moins une à deux décennies de poursuite de la « la loi de Moore ». Bien sûr, ces progrès nécessitent de surmonter des difficultés techniques telles que les questions de connectique ou de dissipation thermique. Mais elles ne semblent pas insurmontables.</p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; margin: 20px 0px;">Ensuite, les gains de performances induits par la « la loi de Moore » ont été si rapides qu’ils demeurent encore largement sous-utilisés. Par exemple, tous les processus sont encore loin d’être numérisés (comme chacun a pu le constater en remplissant à la main ses autorisations de sortie Covid) et les logiciels sont souvent sous-optimisés car conçus sur l’idée que la mémoire, la capacité de calcul ou la consommation énergétique coûtent moins cher que le temps des développeurs.</p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; margin: 20px 0px;">Il reste donc un large potentiel d’amélioration qui prendront des décennies à être totalement exploitées, comme cela a été le cas dans les précédentes révolutions technologiques. Ces améliorations alimenteront les gains de productivité qui permettront de faire face avec sérénité aux grands défis qui nous attendent.</p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; margin: 20px 0px;">L’International Roadmap for Devices and Systems<i style="background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box;"> </i>(IRDS), a proposé pour cela l’expression « <i style="background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box;">More than Moore </i>» : durant plusieurs décennies, nous devrons aller au-delà de ce que nous a apporté la « la loi de Moore » pour bénéficier de larges gains de productivité. Ces gains se manifesteront avant tout dans les services qui font la majorité de notre PIB. Le digital permettra de les industrialiser et les virtualiser pour les rendre plus productifs et moins gourmands en énergie. Il augmentera aussi la productivité des services créatifs, grâce à l’ingénierie ou la médecine augmentée ou aux progrès de l’intelligence artificielle générative.</p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; margin: 20px 0px;">Pour que ces transformations aient lieu, nous devrons être capables d’adapter nos institutions des marchés du travail et des biens, des systèmes éducatifs, des services publics… Car comme dans chaque révolution technologique, les pays qui ne sauront pas adapter leurs institutions décrocheront par rapport aux autres en termes de croissance mais aussi termes de modèle social. L’après « la loi de Moore » se jouera donc plus dans la capacité à anticiper la digitalisation des services et des tâches de conception et à engager les réformes nécessaires à cela que dans la capacité à réduire encore la taille des transistors. Ne manquons pas l’opportunité du <i style="background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box;">more than Moore !</i></p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; font-size: 16px; margin: 20px 0px 0px;"><i style="background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box;">Gilbert Cette est professeur d’économie à Neoma Business School et Vincent Champain est dirigeant d’entreprise et président de l’Observatoire du Long Terme.</i></p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; font-size: 16px; margin: 20px 0px 0px;"><i style="background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box;"><br /></i></p><p style="background-color: white; background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box; color: #333333; font-family: Georgia, times; font-size: 16px; margin: 20px 0px 0px;"><i style="background-repeat: no-repeat; box-sizing: border-box;"><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; font-style: normal;">(c) https://longterme.org </span><span style="color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; font-style: normal;">https://longterme.fr</span></i></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-57688703061362274252022-11-27T18:19:00.002+01:002023-05-28T23:11:58.937+02:00Comment réduire ses émissions de carbone ?<p>Réponse : en agissant en priorité sur les premières lignes de cette table.<br /></p><p style="--artdeco-reset-typography_getfontsize: 1.6rem; --artdeco-reset-typography_getlineheight: 1.5; border: var(--artdeco-reset-base-border-zero); box-sizing: inherit; color: var(--color-text); counter-reset: list-1 0 list-2 0 list-3 0 list-4 0 list-5 0 list-6 0 list-7 0 list-8 0 list-9 0; cursor: text; font-size: inherit; font-weight: var(--artdeco-reset-typography-font-weight-normal); line-height: var(--artdeco-reset-typography_getLineHeight); margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: var(--artdeco-reset-base-vertical-align-baseline);">NB : Il s'agit de chiffres Eurostat hors contenu CO2 des produits importés - évidemment utiliser moins de produits, plus réparables, changés moins souvent doit faire partie des priorités.</p><p style="--artdeco-reset-typography_getfontsize: 1.6rem; --artdeco-reset-typography_getlineheight: 1.5; border: var(--artdeco-reset-base-border-zero); box-sizing: inherit; color: var(--color-text); counter-reset: list-1 0 list-2 0 list-3 0 list-4 0 list-5 0 list-6 0 list-7 0 list-8 0 list-9 0; cursor: text; font-size: inherit; font-weight: var(--artdeco-reset-typography-font-weight-normal); line-height: var(--artdeco-reset-typography_getLineHeight); margin: 0px; padding: 0px; vertical-align: var(--artdeco-reset-base-vertical-align-baseline);"><br style="background-color: white; box-sizing: inherit; color: rgba(0, 0, 0, 0.9); font-family: -apple-system, system-ui, BlinkMacSystemFont, "Segoe UI", Roboto, "Helvetica Neue", "Fira Sans", Ubuntu, Oxygen, "Oxygen Sans", Cantarell, "Droid Sans", "Apple Color Emoji", "Segoe UI Emoji", "Segoe UI Emoji", "Segoe UI Symbol", "Lucida Grande", Helvetica, Arial, sans-serif; font-size: 16px; white-space: pre-wrap;" /></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8pIo9cepb98cXhFNJJaVAKpUUZh4oCtG8YeJTk18M1qAp0To6Kr0QPJmSXNPDomVPAWOTqgOOlx0po4F2QoUTBaaDqptU2BMZt8AHHBhj1C9YDvvsWFmHokMapt7BL0oHkcTFt8mQkOmerVXc7-sr2-XsJjN9cReG3B-5q4vW_m4jV6TAKWWKYRJtXw/s1492/Reduire%20%C3%A9missions.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1177" data-original-width="1492" height="504" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh8pIo9cepb98cXhFNJJaVAKpUUZh4oCtG8YeJTk18M1qAp0To6Kr0QPJmSXNPDomVPAWOTqgOOlx0po4F2QoUTBaaDqptU2BMZt8AHHBhj1C9YDvvsWFmHokMapt7BL0oHkcTFt8mQkOmerVXc7-sr2-XsJjN9cReG3B-5q4vW_m4jV6TAKWWKYRJtXw/w640-h504/Reduire%20%C3%A9missions.png" width="640" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">https://longterme.fr</span></div><br /><p><br /></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-81421414732699371112022-10-14T15:10:00.003+02:002023-05-28T23:12:57.732+02:00Pourquoi les logiciels ont-ils autant de bugs, et que peut-on y faire ?<p><i>Publié par <a href="https://www.usinenouvelle.com/blogs/vincent-champain/pourquoi-autant-de-bugs-logiciels-et-que-peut-on-y-faire.N2053997">l'Usine Nouvelle. </a></i></p><p><i><br /></i></p><p><i> Tout le monde a été confronté à des bugs informatiques : « écran bleu » de windows, comportement erratique d’un logiciel, box internet qui doit être redémarrée… L’industrie logicielle est-elle vraiment pire que les autres ? Et si oui, que peut-on y faire ?</i></p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUIf7bDQV9qMfwOCaDJvrPiHS97OdnMN9kZEtmFW9vk009I3NrtWnsa-iGqw6cnkkx1K0WzfIxhHtdjUKoktIxol_JhvL7AOXDEQgtmBL8XRoxWqcWlo0qAWXDDHZpPTu5mxC7GGV65zMB1SaLeSpOeQ3tIG0O04JK063g7PH-8J3ZgQelmTcyK_yBaA/s1024/DALL%C2%B7E%202022-10-09%2016.13.08%20-%20incapable%20team%20of%20stupid%20software%20developers%20causing%20a%20catastroph%20in%20a%20computer%20room,%20sigma%2085mm%20f_1.4,%20photorealistic.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgUIf7bDQV9qMfwOCaDJvrPiHS97OdnMN9kZEtmFW9vk009I3NrtWnsa-iGqw6cnkkx1K0WzfIxhHtdjUKoktIxol_JhvL7AOXDEQgtmBL8XRoxWqcWlo0qAWXDDHZpPTu5mxC7GGV65zMB1SaLeSpOeQ3tIG0O04JK063g7PH-8J3ZgQelmTcyK_yBaA/s320/DALL%C2%B7E%202022-10-09%2016.13.08%20-%20incapable%20team%20of%20stupid%20software%20developers%20causing%20a%20catastroph%20in%20a%20computer%20room,%20sigma%2085mm%20f_1.4,%20photorealistic.png" width="320" /></a></div><br /><i><br /></i><p></p><p><span style="font-size: medium;"><b>Les bugs coûtent cher, quelle que soit l’industrie</b></span></p><p>Le coût total des défauts logiciels est difficile à estimer, mais il est certainement très élevé. Les évaluations vont de 1% à 10% de la richesse nationale [1] (soit jusqu'à 200 milliards par an pour un pays comme la France), un montant comparable à celui du coût du crime organisé (dont le chiffre d’affaire mondial repose de plus en plus sur le cybercrime). Ce cout comprend trois composantes :</p><p>70 % de ce coût serait lié aux conséquences des malfaçons logicielles : ces défauts vont de la perte d’une sonde spatiale à cause de l’oubli d’un trait d’union dans un programme[2] à un processeur qui se trompe sur le résultat d’une opération élémentaire[3], en passant par toutes les failles exploitées par les hackers pour prendre le contrôle d’un système informatique ou le faire perdre ;</p><p>20 % correspondrait à des problèmes d’obsolescence – c'est-à-dire le fait de tarder à investir dans des technologies modernes et d’utiliser des logiciels archaïques de plus en plus difficiles à garder en état correct de fonctionnement ;</p><p>10% du coût total serait induit par l’échec total ou partiel de projets informatiques : les grands projets dans le génie civil, l’aérospatiale ou l’énergie finissent souvent hors délais, hors budget et avec des défauts [5]. Les grands projets informatiques n’y font pas exception : 20% des grands projets informatiques échouent, et la moitié des projets informatiques ne tiennent pas l’ensemble de leurs objectifs (coût, délais, spécifications).</p><p>L’industrie du logiciel est-elle plus touchée par les défauts que d’autres industries ? Il est difficile de trouver des études qui analysent le coût des défauts par industrie. Si l’on comparait avec le secteur automobile – un secteur plutôt en pointe pour les démarches de qualité – on pourrait noter qu’environ 10% des véhicules font l’objet de rappels chaque année aux Etats-Unis. Il est plus bas ailleurs car tous les pays n’ayant pas des réglementations aussi protectrice des consommateurs - on peut donc estimer que ce chiffre donne une idée du taux de défaut dans l’industrie.</p><p>Il y a par ailleurs un million de morts par an liés à l’automobile, ce qui représente un préjudice économique de l’ordre de mille milliards. Certes, la grande majorité est imputable à des causes multiples qui incluent des erreurs de conduite, l’état de la route ou des éléments extérieurs. Mais on trouve des situations similaires pour les logiciels : un problème de cybersécurité résulte de la rencontre entre une vulnérabilité dans un logiciel, un attaquant désireux de l’exploiter et une victime insuffisamment protégée. Autre effet indésirable, les véhicules automobiles émettent 3 milliards de tonnes de carbone, ce qui a un cout environnemental d’environ 300 milliards de dollars sur une base de 100 $ la tonne de carbone. Que des solutions censées nous faciliter la vie conduisent finalement à un réchauffement climatique couteux à éviter constitue certainement un très gros « bug » (qui concerne aussi le digital). Enfin on peut noter que les Parisiens ont perdu l’équivalent de 4 semaines de travail par automobiliste en 2021[6]. Il s’agit la moins d’un problème lié au véhicule que d’une saturation des infrastructures. Mais il en va de même pour des applications tellement lentes qu’elles en deviennent inutilisables en raison d’un manque de bande passante !</p><p><span style="font-size: medium;"><b>L’industrie logicielle « mange tout », au risque de faire des indigestions</b></span></p><p>L’une des raisons du nombre de bugs est la croissance du nombre d’applications et de leur complexité. On a coutume de dire que « le logiciel mange tout » - autrement dit de plus en plus de tâches sont réalisées par des logiciels qui remplacent peu à peu presque toutes les activités. Notons au passage que les directions informatiques sont les premières victimes de cette malédiction : la productivité de tout le monde augmente (assistantes, archivistes, comptable, magasiniers,…) mais au prix de dépenses supplémentaires en informatique et d’une dépendance accrue aux infrastructures : le moindre problème de disponibilité du réseau d’entreprise amène à la DSI des foules d’utilisateurs mécontents.</p><p>Au total les métiers de l’informatique sont, de loin, le premier débouché scientifique.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_39VIZKZhoieo4_z5Thze_aEetcxZYcNKClx-8bW2zXDM9sk63EQX0UhlYwkYqTHeQmO32DPGiz0R3B1tm7jYfIzC60IOzuSqf0eMc8_W_xa61nPRbQGsGxQWJm3-wzTrhol2csP2XpEg_WQvbCi_Y8VVnoAQMhmNr0vmDb3ULoNiEGBTy-lvbOpwwA/s1039/1665518616149.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="649" data-original-width="1039" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg_39VIZKZhoieo4_z5Thze_aEetcxZYcNKClx-8bW2zXDM9sk63EQX0UhlYwkYqTHeQmO32DPGiz0R3B1tm7jYfIzC60IOzuSqf0eMc8_W_xa61nPRbQGsGxQWJm3-wzTrhol2csP2XpEg_WQvbCi_Y8VVnoAQMhmNr0vmDb3ULoNiEGBTy-lvbOpwwA/w400-h250/1665518616149.jpg" width="400" /></a></div><p style="text-align: center;"><u>Etudiants dans les domaines scientifiques aux Etats-Unis (source : BLS, 2015)</u></p><p>Par conséquent, il y a de plus en plus de personnes qui réalisent des logiciels ou les paramètrent – avec pour conséquence une hausse du nombre d’erreurs. Et ce d’autant :</p><p>que les excellents développeurs sont rares. La productivité ou la qualité du travail peut varier dans un rapport de 1 à 20 d'un développeur à l'autre, ce qui explique à la fois l’envolée des salaires dans les entreprises qui cherchent à attirer ls meilleurs talents et les problèmes de qualité rencontrés par les entreprises qui pratiquent au contraire une politique de « low cost » sur leurs moyens informatiques ;</p><p>que le développement logiciel est devenu en grande partie un travail d’ensemblier de système complexe, consistant à assembler des composantes commerciales ou open source (, D3.js, R, TensorFlow, Keras, Serverless, Apache, PrestaShop, Log4j…). Personne n’a une connaissance intime de chaque ligne de chacune de ces composantes, et chacune d’entre elles aura son lot de problèmes de qualité. On peut citer par exemple le problème massif posé récemment par Log4J [6]</p><p>qu’une partie de ces développements est réalisée en dehors de tout cadre assurant un niveau minimum de qualité ou avec un sens des priorités douteux, à l’image de la citation prêtée à un responsable produit d’un éditeur logiciel « Je préfère un mauvais logiciel à un logiciel en retard : on pourra toujours faire un patch plus tard. »</p><p><span style="font-size: medium;"><b>Eviter les bugs : six causes à combattre</b></span></p><p>Le problème des défauts logiciels ne date évidemment pas d’hier et les analyses séparent six types de défauts :</p><p>les erreurs de spécifications (~2%) : le logiciel fait ce qui a été demandé, mais la demande ne correspondait pas au besoin – par manque d’écoute des utilisateurs finaux ou parce que les phases de pré-étude ont été bâclées ;</p><p>les erreurs de design (~12%), liées à des choix de solutions inadaptés pour répondre au besoin. Il peut s’agir d’erreurs techniques (choisir un algorithme déficient) ou d’interface utilisateur (application confuse à utiliser). Dans cette catégorie, on trouve par exemple la majorité des problèmes de l’application SNCF Connect ;</p><p>les erreurs de programmation (~17%), liées à une erreur d’un développeur. C’est l’exemple du bug d’Ariane 5, lié à un choix de type de variable inadapté [8] ;</p><p>les erreurs de documentation (~6%), liées à une documentation utilisateur fausse ou inadaptée. On peut classer dans cette catégorie les accidents aériens liés au fait que les pilotes n’ont pas été correctement préparés à agir dans les cas ou le logiciel de bord atteint ses limites [9];</p><p>les erreurs liées à des tests insuffisants ou les erreurs introduites lors de correction d’erreurs et (~16%). Une grande partie des erreurs est normalement corrigée en phase de tests, mais à l’inverse les « patchs » visant à corriger les erreurs de programmes mis sur le marché sont eux-mêmes des programmes, qui présentent leurs propres risques d’erreur (estimé entre 7% et 25% selon la complexité du système concerné). C’est le cas, par exemple, du problème rencontré par Windows en 2019 [10] ; </p><p>les erreurs de composants (38%), liés à des composants utilisés par le logiciel (base de données, site web,…), comme le composant Log4J évoquée plus haut.</p><p>Un développement réalisé par un éditeur leader dans son domaine contiendra 10 à 20 défauts par millier de lignes de code détectés durant la phase de tests. Il restera un à cinq défauts pour dix mille lignes de code dans les produits mis sur le marché, en fonction de l’intensité des efforts de l’entreprise [11] pour améliorer la qualité de ses logiciels, dont environ deux tiers seront identifiés lors de la première année d’utilisation. L’idée selon laquelle les utilisateurs d’un logiciel nouveau sont des « testeurs malgré eux » repose donc sur une réalité statistique !</p><p>On notera que cette analyse n'e comprend pas les erreurs liées au matériel - en effet aucun ordinateur n'est parfaitement fiable, et des phénomènes tels que les rayons cosmiques causent régulièrement des modifications du contenu de la mémoire des ordinateurs [12] [13] à un taux estimé à environ une erreur pour 256 mégaoctet. Les mémoires haut de gamme comprennent à cet effet des systèmes de correction d'erreur.</p><p>Une liste exhaustive des méthodes pour assurer une meilleure qualité logiciel dépasse largement le cadre de cet article, mais on peut citer l’existence d’une démarche de qualité de bout en bout (incluant le soucis de qualité et la conception des jeux de test dès le début du projet plutôt qu’en fin de développement), l’organisation du projet (une approche silotée séparant le projet d’amélioration des processus du projet informatique se traduit souvent par des écarts entre attentes et solutions), la qualité de la planification (des délais irréalistes ou une pression excessive sur les dernières phases de développement produisent immanquablement des erreurs) ou les méthodes de développement (les méthodes agiles bien maîtrisées responsabilisent plus les équipes au succès d’un projet digital).</p><p><br /></p><p><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></p><p>[1] The Cost of Poor Software Quality in the US: A 2020 Report, Consortium for Information & Software Quality</p><p>[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Mariner_1</p><p>[3] https://en.wikipedia.org/wiki/Pentium_FDIV_bug</p><p>[4] https://thestack.technology/cobol-in-daily-use/</p><p>[5] https://www.usinenouvelle.com/blogs/vincent-champain/le-digital-au-service-des-projets-complexes.N994949</p><p>[6] https://inrix.com/press-releases/2021-traffic-scorecard/</p><p>[7] https://fr.wikipedia.org/wiki/Log4j</p><p>[8] https://www.bugsnag.com/blog/bug-day-ariane-5-disaster</p><p>[9] https://flightsafety.org/asw-article/ice-blocks-a330-pitot-probes/</p><p>[10] https://www.zdnet.fr/actualites/bug-de-patch-windows-problemes-de-demarrage-aussi-sur-windows-10-39883523.htm</p><p>[11] Code Complete: A Practical Handbook of Software Construction, Steve McConnell</p><p>[12] https://www.bbc.com/future/article/20221011-how-space-weather-causes-computer-errors</p><p>[13] https://www.cnet.com/culture/google-computer-memory-flakier-than-expected/</p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-42618821002755700442022-09-14T21:07:00.003+02:002023-05-28T23:13:04.970+02:00 L’instrumentalisation du changement climatique est contre-productive<p>Publié le <a href="https://www.lopinion.fr/economie/linstrumentalisation-du-changement-climatique-est-contre-productive-la-tribune-de-gilbert-cette-et-vincent-champain">12 septembre 2022 dans l'Opinion.</a></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisMzEKdcdNs6TMPgRdRTKL2TnTxNK5Z5zp7hU4iBcmK1_0zDSyow8JlX4kQ57sUebn4OaOQHNhYX68teLFeKZ4j5qnTSWp91n89y3hw00WS_OezogzTL_qSulILQDsrJ6RgvsQFh5Sk-gNyrHng1iiMB_2cdfnrX4qjG2lk-WbgGw8Al1MP1_zR1U_Nw/s1024/DALL%C2%B7E%202022-09-14%2021.04.32%20-%20group%20of%20green%20conmen%20lying%20about%20climate%20change%20,%20polaroid,%20high%20definition%20realistic%20picture.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEisMzEKdcdNs6TMPgRdRTKL2TnTxNK5Z5zp7hU4iBcmK1_0zDSyow8JlX4kQ57sUebn4OaOQHNhYX68teLFeKZ4j5qnTSWp91n89y3hw00WS_OezogzTL_qSulILQDsrJ6RgvsQFh5Sk-gNyrHng1iiMB_2cdfnrX4qjG2lk-WbgGw8Al1MP1_zR1U_Nw/s320/DALL%C2%B7E%202022-09-14%2021.04.32%20-%20group%20of%20green%20conmen%20lying%20about%20climate%20change%20,%20polaroid,%20high%20definition%20realistic%20picture.png" width="320" /></a></div><p><br /></p><p>Le changement climatique est une menace d’une ampleur exceptionnelle à moyen terme, qui interdit toute approche qui provoquerait le rejet par une large part de la population des changements de modes de vie qui seront nécessaires. Or chacun a une vision différente des consommations dont on peut se priver sans efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Une montre de marque comme celle portée par Aurélien Barrau sera un luxe inutile pour certains, une satisfaction plus importante qu’une voiture du même prix pour d’autres. Une saucisse ou un kilomètre en taxi génèrent 150 grammes de CO2 : faut-il critiquer ceux qui consomment les premières mais jamais les seconds ou ceux qui font le choix inverse ? La 5G est dénoncée par certains, par ailleurs amateurs de café. Mais une cafetière électrique consomme en 6 minutes autant d’énergie qu’un téléphone en un jour. Les partisans de la décroissance plaident (sur internet) pour l’arrêt du digital et le retour à la terre. Mais stocker des centaines de photos dans le cloud consomme une quarantaine de grammes de CO2, autant qu’un tiers de tomate, 2 grammes de viande ou trois pommes de terre : doit-on interdire le cloud ou le hachis parmentier ? Notons enfin qu’un tweet émet une dizaine de grammes de CO2. Une polémique sur le choix entre steak et climat relayée des dizaines de milliers de fois génère une tonne de CO2, soit 6666 « équivalents saucisse ».</p><p>La lutte contre le réchauffement climatique ne peut se réduire à la chasse aux boucs émissaires, ni consister pour certains à considérer comme superflu pour les autres ce qu’ils ne consomment pas. Cela ne peut qu’aboutir à une approche bureaucratique et non acceptée. Bureaucratique par le suivi des consommations de chacun et leur positionnement sur l’échelle du superflu. Le nécessaire, le désirable et le superflu varient d’une personne et d’un pays à l’autre. Il ne sera pas possible de réduire notre empreinte carbone en définissant une échelle universelle du superflu qui aboutirait à imposer un mode de vie unique. Comme le montre Christian Gollier, un système de prix basé sur le contenu en carbone de chaque bien et service conduira chacun à adapter sa consommation sans idéologie. Ce système est plus souple et sans doute plus acceptable s’il est bien expliqué, car il laisse chacun adapter sa consommation en fonction de ses préférences mais en tenant compte des émissions de carbone induites. Surtout, il ne ferme pas la porte à l’innovation : l’électrification a mis fin aux lampes à pétrole puis le développement des LEDs a divisé par dix la consommation d’énergie des ampoules. On n’en serait pas là si on s’était focalisé sur la définition du type de lampe autorisé.</p><p>En réalité, aucun mode de vie humain n’est ‘minimaliste’ en termes d’émissions de gaz à effet de serre. Une vie humaine se distingue en effet d’une existence animale par des activités toutes ‘superflues’ : faire du sport, lire un livre, assister à un spectacle, rendre visite à des amis, acheter un jouet à un enfant ou débattre du climat avec des inconnus sur les réseaux sociaux. Aucune de ces actions n’est indispensable et il n’existe pas de règle acceptable par tous pour définir une priorité entre elles. Une approche basée sur les jugements de valeur de certains sera inévitablement rejetée et ouvrira des débats stériles qui nous éloigneront des vraies solutions. Laissons aux amateurs de barbecue à leurs saucisses et côtes de bœuf, sans les juger mais en assurant qu’au total, grâce à des signaux prix, leur mode de vie global évolue, comme celui de chacun, pour contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.</p><p>Gilbert Cette est professeur d’économie à Neoma Business School</p><p>Vincent Champain est dirigeant d’entreprise et président de l’Observatoire du Long Terme</p><p><br /></p><p><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-54846426202318252402022-09-10T08:55:00.005+02:002023-05-28T23:13:11.701+02:00Taux d’intérêt : la fin d’un cycle de 40 ans<div class="separator" style="clear: both; text-align: left;">Publié le 9 septembre 2022 dans <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-taux-dinteret-la-fin-dun-cycle-de-40-ans-1786812">Les Echos</a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: left;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8HUTmkKdaCi3YZ7O_j_WmeKnWjUdijoTP5W3eV9scQsVQUhjwlmCBV5V1l5R_J0Bduo3sXxMv_z8KQ0zYXuyWps_ojB9aVBcaV4mClN07ueOaofSWgctrQsC6wor9RDiYbjr4yqEKyu7vllYXzpl5ctJELdXyoX6lgFi7WHm6_OQgCnbiUWIg4LEs4A/s1095/capture%201.JPG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="648" data-original-width="1095" height="236" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi8HUTmkKdaCi3YZ7O_j_WmeKnWjUdijoTP5W3eV9scQsVQUhjwlmCBV5V1l5R_J0Bduo3sXxMv_z8KQ0zYXuyWps_ojB9aVBcaV4mClN07ueOaofSWgctrQsC6wor9RDiYbjr4yqEKyu7vllYXzpl5ctJELdXyoX6lgFi7WHm6_OQgCnbiUWIg4LEs4A/w400-h236/capture%201.JPG" width="400" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p>Depuis quarante ans, les taux d’intérêt à 10 ans en France sont passés de 16% à 0%, et le « prix de l’argent » (taux corrigé de l’inflation sur la durée de ce taux) est passé de 10% en 1982 à -3% en 2021. Les personnes actuellement en activité professionnelle n’a donc connu l’économie que dans un contexte de baisse du prix de l’argent. Mais ce cycle touche à sa fin, non seulement les taux ne baisseront pas à nouveau de 13 points d’ici 40 ans, mais ils vont augmenter du fait des efforts des banques centrales pour éviter une inflation durable. Les injections monétaires massives font partie du passé et les taux courts vont monter. Cette hausse se transmet déjà aux crédits : en France, les taux immobiliers à 20 ans les plus bas sont passés de 0.75% en septembre dernier à plus du double. Ils dépassent 6% aux Etats-Unis ou la FED a agi plus rapidement qu’en Europe.</p><p>Personne ne sait prévoir les niveaux futurs des taux, mais on peut raisonnablement retenir une inflation à terme au niveau initialement fixé à la BCE (2%) et un niveau des taux réels au niveau de la croissance potentielle (suivant la règle Allais - Solow), soit des taux longs de 4% inflation comprise. Ceci aura une première conséquence sur la baisse du prix des actifs immobiliers et financiers - la valeur d’un actif dépendant de l’inverse du taux - et les défaillances des entreprises et des ménages les plus endettés augmenteront significativement. A long terme, la valeur de ces actifs va cesser de connaitre la hausse régulière de valeur qu’à induite la baisse régulière des taux. Après 40 ans de bons et loyaux services, cela signifie la fin des devises telles que « l’immobilier monte toujours » ou « le rendement d’une action c’est son augmentation de valeur plus que son dividende » et la faillite des stratégies basées ces règles et financées par une dette élevée. On pourrait s’attendre à un effet sur la croissance à moyen terme négatif, la hausse des taux pénalisant l’investissement. Mais une étude récente montre que des taux bas peuvent inciter les entreprises en place à protéger leurs positions à très long terme, ce qui réduit la concurrence, donc l’innovation et à terme la croissance – un enchainement que l’on retrouve en partie dans les baisses de productivité des dernières décennies.</p><p>Jusqu’à quel point iront les baisses de valeur ? On peut considérer que le prix actuel des actions est cohérent avec une hypothèse de taux futurs de 4%. A l’inverse, ces prix pourraient perdre encore 50% si les taux revenaient aux niveaux plus élevés correspondant à leur moyenne historique. En revanche, l’effet de la hausse de taux ne semble pas encore intégré dans les prix immobiliers : rapportés au revenu des ménages, ils ont doublé en France depuis la fin des années 80. Une correction importante semble donc inévitable. Les observateurs attentifs auront d’ailleurs remarqué qu’en juin dernier, le président de la réserve fédérale a recommandé aux acheteurs potentiels d’attendre une baisse des prix avant d’acheter afin d’éviter une double peine : payer plus cher son crédit et trop cher son logement. Le même raisonnement vaudra sur certains placements : ainsi les anciens contrats d’assurance vie en euros auront du mal à rester compétitifs avec les nouveaux contrats constitués d’obligations aux rendements plus élevés. Notons enfin que ces corrections auront un effet sur les inégalités : ceux dont le patrimoine est le plus élevé assisteront à l’arrêt de la hausse constatée depuis des décennies, ainsi qu’à l’effacement d’une partie de leur patrimoine due à « l’effet taux » et à la hausse des faillites.</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbHiv6RxyhUkx-PW69Bkl9l57gKrFT4IO1a1HerEyXMiUZdiLV5yVr1hkos3vjWek_KNlsurgD_s9hct_QZEjmKCW251qy-KYLE2QL0AAe4WcJLfhe0vKpBlHGmttqeZcyjb_nwuPvlCeLTlRsxFmz-OpJC-1vf8tQ7qoJZk6OeVJAeFGgOSvoTBDsAQ/s937/Capture2.JPG" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="648" data-original-width="937" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhbHiv6RxyhUkx-PW69Bkl9l57gKrFT4IO1a1HerEyXMiUZdiLV5yVr1hkos3vjWek_KNlsurgD_s9hct_QZEjmKCW251qy-KYLE2QL0AAe4WcJLfhe0vKpBlHGmttqeZcyjb_nwuPvlCeLTlRsxFmz-OpJC-1vf8tQ7qoJZk6OeVJAeFGgOSvoTBDsAQ/w400-h276/Capture2.JPG" width="400" /></a></div><p>Au total, le retour des taux à des niveaux plus élevés remettra le « prix du temps » à des niveaux plus raisonnables que des taux négatifs. Malgré certains ajustements douloureux à court terme, il est préférable pour l’emploi et le pouvoir d’achat à moyen terme que les prix reflètent la réelle valeur des choses, et les taux d’intérêt n’y font pas exception. </p><p><br /></p><p><br /></p><p><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-65256966798789971862022-07-13T10:02:00.004+02:002023-05-28T23:13:21.185+02:00 L’inflation, un jeu de chaises musicales<p>Publié dans <a href="https://www.lesechos.fr/amp/1776384">Les Echos, le 13 juillet 2022.</a></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;"><span style="mso-tab-count: 3;"> </span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeAtHTfpp7DQpeM0hr8ysKO9AjgB1WqInw66hi3KeJtSgV3R-X54aelhbsrPzP6y5Mie1Th0Z90BLa0FnU8VboYGEyPq6TNxsqK8bc_QKa_0gE-8RwwuIXDK7OiBzBnLheqeVCpL6lN6-_y6TZ3oQQT-XJAtVXkhqKrRXcFLeieXHbHM22HLpSCpOe5A/s4600/CCPC_students_playing_musical_chairs_at_Bandarban_(01).jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3059" data-original-width="4600" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgeAtHTfpp7DQpeM0hr8ysKO9AjgB1WqInw66hi3KeJtSgV3R-X54aelhbsrPzP6y5Mie1Th0Z90BLa0FnU8VboYGEyPq6TNxsqK8bc_QKa_0gE-8RwwuIXDK7OiBzBnLheqeVCpL6lN6-_y6TZ3oQQT-XJAtVXkhqKrRXcFLeieXHbHM22HLpSCpOe5A/s320/CCPC_students_playing_musical_chairs_at_Bandarban_(01).jpg" width="320" /></a></div><br /><o:p></o:p><p></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;">La
hausse des prix coutera déjà plus de 1000 euros par ménage en 2022. Si
l’inflation perdure, elle aura un deuxième effet moins visible mais qui pénalisera
l’activité : une « prime de risque » sera ajoutée pour tout
investisseur pour le protéger contre le risque de perte de valeur, ce qui réduira
le niveau d’investissement et donc l’activité. Les ménages seront également
touchés – en plus de la perte constatée sur leur pouvoir d’achat, ils devront
épargner plus pour se protéger contre le risque futur de perte de pouvoir
d’achat. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;">L’inflation
actuelle s’explique par un double choc. S’agissant de la demande, nous
avons moins consommé pendant le confinement, alors que les revenus étaient
protégés par les mesures de soutien. Cette capacité de consommation
s’exprime désormais alors que l’offre peine à suivre – les entreprises ont du
mal à trouver les salariés, les matières premières ou les composants pour
répondre à cette demande, dans un contexte aggravé par la hausse des prix de
l’énergie, le conflit en Ukraine et le confinement en Chine. En outre, comme le
souligne Charles Wyplosz, les hausses du bilan des banques centrales depuis la
crise financière créent un risque d’accélération supplémentaire du déséquilibre
offre/demande. Les banques n’ont pas encore exploité l’intégralité des
capacités de crédit qui en découlent. Si elles se mettent à le faire, les prix
accéléreront. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;">A
moyen terme, les outils existent pour éviter une inflation durable du coté des
banques centrales (hausse des taux) comme de celui des gouvernements (ciblage des
mesures en faveur du pouvoir d’achat, politique de concurrence,…). C’est plus
compliqué à court terme, car la hausse des prix traduit une tension entre une hausse
de la demande et une contrainte de l’offre, qui ne peut se résoudre à court
terme que par une réduction de la demande. L’enjeu principal sera donc de
définir qui devra in fine accepter de réduire sa consommation, et les « mesures
de pouvoir d’achat » ne pourront pas éliminer la hausse des prix mais
seulement choisir qui en payera le prix. Compte tenu des mesures
d’indexation en vigueur sur le SMIC ou annoncées sur les retraites, le choix
sera entre les revenus modestes (salariés et indépendants), les autres
salariés, les actionnaires (c'est-à-dire les ménages détenant des actions), les
usagers des services publics ou repousser le choix à demain via une hausse de
la dette. En effet, si les services publics n’entrent pas dans l’indice des
prix, tous les français constatent la « shrinkflation » (payer
autant, recevoir moins) qui touche ces services depuis des années – files
d’attente, pénurie de médecins, baisse de la qualité du système éducatif ou des
moyens de la recherche publique et de la défense nationale…<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;">Ne
pas choisir conduira à faire durer plus longtemps l’inflation : les
salariés poursuivront leurs demandes de hausse de salaires, puis les
entreprises leurs demandes de hausse de prix (qui sont aussi le salaire des indépendants)
et ainsi de suite. Or l’inflation est comme un jeu de chaises musicales qui
nous touche deux fois : d’abord par le retrait d’une chaise (perte de
pouvoir d’achat initiale liée au choc d’offre), ensuite par la fatigue des
joueurs pour se passer de l’un à l’autre la chaise manquante (incertitude
induite par la perte de stabilité du niveau des prix). L’Etat ne peut pas créer
la chaise manquante – il peut juste éviter qu’elle ne pénalise ceux qui en ont
le plus besoin et faire en sorte que le jeu de chaises musicales cesse le plus
vite possible. <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;">Mais
pour cela, il faut préciser qui payera le choc d’offre initial - tant que
chacun pensera faire payer les autres, le jeu de chaises musicales se
poursuivra, avec des effets négatifs sur l’investissement et l’épargne qui
accentueront davantage le problème initial.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;">Vincent
Champain est dirigeant d’entreprise et président de l’Observatoire du Long
Terme, think tank dédié aux enjeux de long terme.</span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="text-align: justify;"><span style="background: white; color: #333333; font-family: "Georgia","serif"; font-size: 11.5pt; line-height: 115%;"><span lang="FR" style="color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">(c) https://longterme.org </span><span style="color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">https://longterme.fr</span></span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-77945156954398710202022-05-16T22:50:00.001+02:002023-05-28T23:13:27.650+02:00 L’innovation, solution au défi climatique ?<p><a href="https://www.optionfinance.fr/innovation/linnovation-solution-au-defi-climatique.html">Publié dans Option Finance le 9 mai 2022.</a></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIBCAIovlnhPcgElz_7ya4Fe4BhLxeQhMxnsJu1HrC4drSRg3BQVbUxs0j-LmfiUTfczbXjv-YQYnOH1TmNjbfz9Eqn_fFGTsHURUEyHQXFfAqyBCSSBi9dvz_Ux3H_gr4rkWlnzrfbu3jwbJ7cf6OYw9nMbz5p0Ifb4i1gjgiWGm0fhLHTc8F86c5yg/s910/light-bulb-leaf-chlorophyll-green.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="566" data-original-width="910" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjIBCAIovlnhPcgElz_7ya4Fe4BhLxeQhMxnsJu1HrC4drSRg3BQVbUxs0j-LmfiUTfczbXjv-YQYnOH1TmNjbfz9Eqn_fFGTsHURUEyHQXFfAqyBCSSBi9dvz_Ux3H_gr4rkWlnzrfbu3jwbJ7cf6OYw9nMbz5p0Ifb4i1gjgiWGm0fhLHTc8F86c5yg/w400-h249/light-bulb-leaf-chlorophyll-green.jpg" width="400" /></a></div><p><b>Le coût de la transition climatique sera d’autant plus élevé qu’elle sera réalisée de façon inefficace</b></p><p>Il est évidemment difficile d’estimer le coût de la transition climatique pour l’économie mondiale : atteindre un niveau zéro d’émissions de gaz à effet supposera en effet à la fois d’utiliser des solutions déjà connues pour certaines (recourir à des sources de production électrique décarbonées telles que le nucléaire, l’éolien ou le solaire), connues mais devant être améliorées pour d’autres (on ne sait actuellement pas produire, stocker et utiliser l’hydrogène dans des conditions économiques pertinentes à grande échelle), ainsi que des solutions encore inconnues. </p><p>Les estimations sur le coût futur de la transition climatique doivent donc être prises avec le recul nécessaire. Néanmoins, compte tenu de l’importance des produits carbonés dans notre vie quotidienne, le scénario d’une transition climatique créatrice d’emploi ou de pouvoir d’achat net est très peu probable. Ce changement aura un coût, et il sera significatif. Le GIEC l’estime à terme à environ 5% de la richesse mondiale au total, à horizon 2050. Les pays de l’OCDE émettant deux fois plus de carbone par habitant que la moyenne mondiale et disposant d’une richesse bien supérieure, il est probable que le coût sera chez nous au moins le double de la moyenne mondiale, soit 10 à 15 points de PIB. Et cela sera nettement plus si les négociations sur la répartition de cette charge prend en compte la part des pays industrialisés dans le stock de carbone déjà émis. Par ailleurs, cette estimation de cout suppose des politiques publiques efficaces. Si elles ne le sont pas, ce coût augmentera à chaque fois, par exemple que l’on forcera ou que l’on subventionnera des ménages à réaliser des travaux d’isolation non profitables au vu des économies induites, que l’on incitera des automobilistes à acheter une voiture électrique inadaptée à leur kilométrage annuel ou que l’on financera des projets d’énergie renouvelable inadaptés (panneaux solaires dans des zones peu ensoleillées). In fine il est probable que le cout atteigne 20 % du revenu national, et il sera encore plus élevé si nous ne faisons rien pour lutter contre le changement climatique. </p><p>Une ponction de plus de 20% du revenu n’est pas possible sans de sérieux changements de mode de vie : actuellement, 80% des français épargnent moins de la moitié de ce montant. Heureusement le cout de la transition ne devra être payé qu’à moyen terme. Or d’ici 2050, sur la base de la croissance par tête actuelle, notre revenu augmentera de 50%. Le coût de la transition climatique ne viendra donc pas nécessairement réduire notre revenu en dessous de son niveau actuel, mais il confisquera une part significative de son augmentation prévisible. Sur ces 50 points de revenu supplémentaire d’ci 2050, ce sont 40% (20 points) qui nous seront ainsi ponctionnés si notre transition climatique est peu efficace, et un minimum de 20% (10 points) si l’efficacité des politiques climatiques progresse fortement d’ici là. </p><p><b>Un impératif d’innovation, mais également de rationalité</b></p><p>La première remarque, c’est que nous ne pourrons pas nous permettre d’être inefficaces dans notre approche de la transition climatique. Pour cela, il est absolument nécessaire de sortir du greenwashing (financer ou encourager tout ce qui semble vaguement contribuer à la réduction des émissions) et d’imposer une plus grande rigueur dans l’analyse des mesures publiques ou privées pour lutter contre le changement climatique. Pour cela, un seul mètre étalon doit guider nos politiques climatiques : le coût par tonne de CO2 évitée. Or beaucoup de décisions échouent actuellement à ce test telles que la baisse de la part du nucléaire dans notre électricité (un rapport publié début 2021 par RTE montre que l’arrêt du nucléaire coûterait aux français 350 euros par ménage par rapport à un scenario à 50% de nucléaire), certaines politiques RSE (dont le coût par tonne de CO2 évité est telle qu’il vaudrait parfois mieux ne rien faire et planter des arbres) ou les subventions aux bio-carburants (dont le cout par tonne de CO2 peut dépasser plusieurs dizaines fois plus élevé que la reforestation). L’information du coût par tonne de CO2 évitée devrait être obligatoire dans l’étude d’impact de tout texte proposant une nouvelle mesure en faveur du climat, afin de permettre d’éliminer celles qui n’ont pas de sens.</p><p>La deuxième remarque, c’est que l’avenir n’est pas entièrement écrit. Des innovations vont nécessairement apparaitre dans les 30 ans qui viennent, qui pourraient nous permettre de réduire nos émissions de gaz à effet de serre en limitant l’effet sur notre revenu. En 30 ans, le prix des panneaux solaires ou des batteries électriques ont baissé de 98%. Les véhicules électriques qui étaient des curiosités il y a 10 ans deviennent des options sérieuses, qui sont même rentables sans subventions pour les deux-roues urbains. Les déplacements domicile travail qui représentent 4% de nos émissions semblaient difficiles à réduire il y a trois ans – depuis le confinement, un grand nombre d’entreprises ont demandé à leurs salariés de les réduire de moitié. </p><p>L’innovation va donc jouer un rôle déterminant dans la transition climatique, mais à plusieurs conditions. La première condition, c’est de concentrer nos efforts sur les innovations vertes abordables, c'est-à-dire les innovations qui ont une chance raisonnable d’atteindre un coût par tonne de CO2 évité pertinent (disons de l’ordre de 100 à 200$ la tonne). Les autres innovations n’ont pas d’intérêt - il vaut mieux ne rien faire et privilégier des actions qui ont un coût pertinent – par exemple, planter des arbres et lutter contre la déforestation. Certaines innovations tombent évidemment dans cette catégorie – par exemple les régulateurs permettant d’activer son chauffe-eau aux heures où l’énergie est la moins carbonée sont encore peu répandus, alors que leur retour sur investissement est inférieur à un an. De la même façon, le rapport Redcost montre comme l’industrialisation et la standardisation, le digital et la structuration du financement, permettront de réduire le coût de la construction des réacteurs nucléaires. La capacité à réduire les coûts est moins claire dans d’autres domaines, qui nécessitent des recherches supplémentaires – c’est le cas de la capture et du stockage de CO2 à grande échelle (qui permettrait de retirer le CO2 de l’atmosphère pour le renvoyer sous terre), du coût du stockage électrique (dont la réduction du coût a été exponentielle jusqu’à présent, mais dont il n’est pas certain que ce rythme de réduction se poursuive à l’avenir). D’autres progrès enfin ne seront pas possibles. Par exemple, l’efficacité des éoliennes se rapproche des limites de la physique (les plus efficaces se situent à 80 % de la loi de Betz, qui définit le maximum d’énergie qui peut être extrait du vent) : on pourra les améliorer encore un peu ou les placer là où le vent est le plus fort, mais il sera impossible d’améliorer leur efficacité de façon exponentielle. </p><p>L’enjeu pour la France est donc d’éviter les impasses technologiques et de concentrer ses moyens sur les domaines dans lesquels la recherche est susceptible de produire de réelles améliorations. Cela n’est pas toujours simple, mais la meilleure façon d’y arriver consiste à adopter une approche scientifique basée sur des faits et du calcul économique. Pour cela, le coût par tonne de CO2 évité atteignable à moyen terme doit être un critère de décision central, publié de façon systématique. Toute innovation verte n’est pas intéressante : ce qui importe ce sont les innovations vertes. </p><p>Une fois ciblés les domaines dans lesquels une politique d’innovation climatique aura le plus de sens, le deuxième enjeu est d’activer l’ensemble de la chaîne d’innovation. La recherche fondamentale (généralement financée sur fond public) vise à élargir les connaissances scientifiques, la recherche appliquée (davantage à portée des entreprises privées) permet de résoudre des problèmes pratiques, le développement de prototypes vise à réaliser des premiers produits, et le développement à grande échelle est nécessaire pour obtenir un impact visible. Assurer que rien ne bloque le développement de ces innovations vertes relève d’une planification qui mobilise des outils multiples – du financement de la recherche publique aux accords commerciaux concernant les « produits verts » en passant par la réglementation sectorielle et les normes (qui, si elles sont inadaptées, peuvent bloquer l’accès au marché à des solutions innovantes). C’est tout l’enjeu du futur ministère de la planification climatique, qui devra coordonner des politiques publiques actuellement largement indépendantes. </p><p>Face aux enjeux du changement climatique, le plus grand risque est évidemment l’inaction. Mais ne sous-estimons pas deux autres risques bien réels : l’action irrationnelle (qui augmenterait significativement le coût de la réduction de nos émissions) et le court-termisme (une politique d’innovation sur des sujets aussi complexes nécessitant à la fois de la stabilité et de la cohérence dans ses orientations).</p><p>Vincent Champain est dirigeant d’entreprise et président de l’Observatoire du Long Terme, think tank dédié aux enjeux de long terme.</p><div><br /></div><div><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></div> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-84600344251966395352022-04-03T20:54:00.003+02:002023-05-28T23:13:34.134+02:00Eviter la malédiction du fabricant<p> Publié dans l'Usine Nouvelle</p><p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgPeDHfIN-fiIRDaKVQBgIEzNgmMNhk8KHjAlpY-iJPdJwLKeIjj4VoZgvLEV8ZRc1L-oRi_w5iJhPty_W8FcdnPJnbWbFiTWASIRNKPiYH1wEEilx-7Mq6pK3HreycMUUsimQJdonNBghBAykXN0QQBrRAKimKeAz7FT8uGUxb0vvyBzcqaGgf9o8Y7w" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img alt="" data-original-height="450" data-original-width="688" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEgPeDHfIN-fiIRDaKVQBgIEzNgmMNhk8KHjAlpY-iJPdJwLKeIjj4VoZgvLEV8ZRc1L-oRi_w5iJhPty_W8FcdnPJnbWbFiTWASIRNKPiYH1wEEilx-7Mq6pK3HreycMUUsimQJdonNBghBAykXN0QQBrRAKimKeAz7FT8uGUxb0vvyBzcqaGgf9o8Y7w=w400-h261" width="400" /></a></div><br /><p></p><p>A partir d’un certain niveau de complexité de leurs produits ou de leurs processus, les entreprises industrielles sont confrontées à un enjeu fondamental : assurer que les conceptions et les méthodes de fabrication des ingénieurs puissent être transformées dans les usines en objets physiques, de la façon la plus efficace et avec la meilleure qualité possible. Il s’agit notamment d’assurer que les conceptions soient fabricables avec les technologies disponibles (par exemple, certaines formes sont impossibles à fabriquer par forgeage mais le sont en impression 3D) ou que les méthodes de fabrication ne génèrent pas de surcoûts disproportionnés (par exemple, une pièce anodine sur le papier, mais qui doit nécessite des opérations devant être effectuées dans une posture complexe, nécessitant des pauses régulières ou des tenues sophistiquées).</p><p>Les entreprises qui peinent à résoudre ce problème seront victimes de la « malédiction du fabricant » : des problèmes à répétition qui apparaîtront dans les usines, mais dont les causes profondes se situent au niveau de la conception ou qui résultent de difficultés de communication entre conception et production. Vu de loin, la faute réside au niveau de la production puisque c’est là que les problèmes apparaissent. En réalité, ces problèmes traduisent le fait que les méthodes et les contraintes imposées à la production sont mutuellement contradictoires. Etre responsable de la fabrication dans ces conditions est un jeu où l’on est forcé de perdre : c’est la malédiction du fabricant.</p><p>Dans le modèle Tayloriste, ce problème est résolu en confiant aux opérateurs des tâches les plus simples possibles, notamment en standardisant les composants et en fournissant aux opérateurs des instructions prédéfinies, qu’ils doivent suivre à la lettre. La solution réside dans la capacité des ingénieurs qui font le design des produits ou les méthodes de fabrication à les rendre applicables par des opérateurs qui n’ont pas à réfléchir, et à planifier l’exécution d’une façon optimale. Ce modèle est adapté à des situations où le produit peut se décomposer en tâches assez simples pour que les ouvriers puissent les réaliser de façon mécanique.</p><p>Le modèle Toyotiste repose sur le principe inverse : donner plus d’autonomie aux équipes de production pour trouver les améliorations de processus qui permettent aux équipes de production d’être le plus efficace possible. Ces dernières sont dans une tension permanente pour faire évoluer l’organisation. Ce modèle suppose un modèle social protecteur, dans lequel les ouvriers n’ont pas de doute sur la pérennité de leur emploi (faute de quoi ils ne joueront pas totalement le jeu). Il suppose aussi une circulation fluide de l’information entre les équipes de production et les équipes de conception (pour corriger les défauts de conception le plus en amont possible).</p><p>Mettre en place ce modèle va au-delà du déploiement d’outils ou de l’utilisation de mots en japonais : il suppose des changements profonds de culture. Ne pas les réaliser, c’est se condamner à la malédiction du fabricant, et le digital ne pourra pas seul changer cette situation. Aucun système informatique ne peut rendre cohérentes entre elles des conceptions ou des contraintes de production mutuellement incompatibles. Et des progiciels qui enfermeraient l’activité des ouvriers de production dans des workflows rigides pourra apporter plus de problèmes que de solutions à une culture d’entreprise qui ne laisse aucune place au point de vue des ouvriers sur les difficultés qu’ils rencontrent dans l’exécution des tâches qui leurs sont confiées.</p><div><br /></div><div><br /></div><div><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></div> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-14948547009246410832022-04-03T20:48:00.002+02:002023-05-28T23:13:41.902+02:00Pour en finir avec l'immoralité analytique !<p>Publié dans <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-sus-a-limmoralite-analytique-1397183" target="_blank">Les Echos du Mercredi 30 mars 2022</a> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1OkPzmITyIzPrudRK7Ct8UAVbunUhXGzF73D4bPiFIte55coo6FPjvyFeNQVVeErpCXL0OcUUwzBAXz6Z8v2GsycTfWgSWwB22p1uMJ9AwbBH1t1DIg4neCbgBCH0bcs3_b2tm7R2lQut6xSIiykGYoXYduVjt067j415iM35FGBhxvd33XTBF7rJiA/s1200/business-ethics.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="1200" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1OkPzmITyIzPrudRK7Ct8UAVbunUhXGzF73D4bPiFIte55coo6FPjvyFeNQVVeErpCXL0OcUUwzBAXz6Z8v2GsycTfWgSWwB22p1uMJ9AwbBH1t1DIg4neCbgBCH0bcs3_b2tm7R2lQut6xSIiykGYoXYduVjt067j415iM35FGBhxvd33XTBF7rJiA/w400-h266/business-ethics.jpg" width="400" /></a></div><p></p><p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Dans “Managers, not MBAs”, Henri
Mintzberg définit l’immoralité analytique comme la réduction de rôle du dirigeant
à une tâche technique déchargée de toute responsabilité morale quant aux
conséquences de ses décisions. En résumé, il s’agit pour le dirigeant de ne
voir les choses qu’au travers leur contribution à la valeur d’entreprise, en
ignorant par exemple la réalité des salariés concernés par une
restructuration, la capacité d’une offre à réellement répondre aux besoins des
clients ou la transparence donnée à ces clients sur les risques des produits
qui leur sont proposés.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">C’est ainsi que des entreprises ont
justifié leur rôle dans la crise des subprimes tout en échangeant des messages
qualifiant ces produits de « contrats de m…e ». Ou que le président
d’une des plus grandes banques du monde a pu affirmer « Quand la musique
s’arrête en termes de liquidité, les choses vont être compliquées. Mais tant
qu’il y a de la musique, vous devez vous lever et danser ». Ou, plus récemment ce
groupe de maisons de retraite forcé de s’expliquer sur les risques de leurs
pratiques comptables pour définir au gramme près les rations des résidents. La
réponse du dirigeant de ce groupe illustre parfaitement le concept d’immoralité
analytique : « quel serait l’intérêt de rationner l’alimentaire ? (…)
Si vous baissez le nombre de résidents en ne leur donnant pas assez à manger,
vous baissez votre chiffre d’affaires. ».</span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Face à ce risque, il ne suffit pas de
renforcer les indicateurs non financiers ou de transformer le groupe en
entreprise à mission : l’ajout de règles ou d’indicateurs ne peut pas être
la solution à des problèmes qui résultent précisément du fait de se focaliser sur
des indicateurs, en se dispensant de faire preuve de jugement. Nous
disposons d’ailleurs d’un bon exemple pour rappeler que la multiplication de
règles bureaucratiques ne contribue pas à introduire plus de morale dans des
décisions économiques : les achats publics. La où les autres pays appliquent
des textes simple centrés sur l’essentiels, la France se caractérise par des
textes complexes et bavards sans que les abus ou la corruption ne soient plus
faibles dans notre pays. L’accumulation de textes, de contraintes ou
d’indicateurs n’a jamais augmenté la morale de ceux qui y sont soumis. Au
contraire, cette accumulation diffuse un principe de défiance contradictoire
avec les notions même de responsabilité et d’efficacité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La thèse de Mintzberg, la formation des
managers devrait davantage sélectionner et développer des profils pas
uniquement en fonction de leur capacité techniques, mais également de leur
capacité de jugement moral et à renforcer la valeur de long terme de
l’entreprise. Le mode d’évaluation et de promotion des dirigeants joue également
un rôle clef : une évaluation limitée aux objectifs financiers tendra à
favoriser les méthodes non soutenables (accumulation de dette technique,
sous-investissement induisant des risques plus coûteux que les économies,
sous-investissement dans les projets dont la durée dépasse celle d’un poste),
la chance et l’immoralité analytique. A l’inverse d’une évaluation plus
équilibrée donnant autant de place aux résultats quantitatifs qu’à la façon
dont ils ont été obtenus ou la réaction face à des situations crise – souvent
révélatrice du fond d’une personnalité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Terminons en notant que plaider pour un
retour de la morale dans le management, ce n’est pas nier la nécessité pour une
entreprise de générer un revenu suffisant pour financer ses fonds propres.
C’est au contraire reconnaître qu’il y a deux façons de tuer une entreprise. L’une
est de ne prêter aucune attention aux comptes, au risque de manquer de
ressources. L’autre est au contraire de ne regarder que les indicateurs, au
risque de perdre son âme et sa capacité d’anticiper le long terme.</span><span face=""Arial","sans-serif"" style="color: #222222; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><o:p></o:p></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></p><p class="MsoNormal" style="background: white; line-height: normal; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="color: #222222; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 12pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span lang="FR" style="font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">(c) https://longterme.org </span><span style="font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">https://longterme.fr</span></span></p><br /><p></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-41807654610652209642022-02-19T18:04:00.009+01:002023-05-28T23:13:49.070+02:00 Investir dans la technologie : voir au-delà des cycles.<p>Publié dans <a href="https://www.optionfinance.fr/innovation/investir-dans-la-technologie-voir-au-dela-des-cycles.html">Option Finance le 14/01/2022</a></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhC5YR4VK95j80GSUH17YPVk3XtLapcfzNquJ-yyDH_g86v3R6J-zktia7e1r8F4lQX3P5lvrLcxTJ7Fkcrf_Vtt3AnnPtLvG67FDS5y3WkX-4GaHImK1NPOWuDY2t_s8qBhOZaJ7ERAAJRG4K-2FyvIu8vEBZvn7dkEzoQLLQ41aq44gPdq-SIQmWEmw=s1907" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1011" data-original-width="1907" height="213" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhC5YR4VK95j80GSUH17YPVk3XtLapcfzNquJ-yyDH_g86v3R6J-zktia7e1r8F4lQX3P5lvrLcxTJ7Fkcrf_Vtt3AnnPtLvG67FDS5y3WkX-4GaHImK1NPOWuDY2t_s8qBhOZaJ7ERAAJRG4K-2FyvIu8vEBZvn7dkEzoQLLQ41aq44gPdq-SIQmWEmw=w400-h213" width="400" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p>En apparence, l’innovation technologique se porte bien avec plus de dix milliards de fonds levés pour des entreprises françaises en 2021 et un nombre record de 23 licornes qui ont dépassé une valorisation de plus d’un milliard d’euros. Le phénomène n’est pas limité à la France : la tendance est similaire ailleurs en Europe où les investissements ont dépassé 100 milliards en 2021 pour la première fois, la France se plaçant en troisième position après le Royaume-Uni et l’Allemagne.</p><p>Comme à chaque fois que les investissements technologiques battent des records, la question se pose de savoir si cette situation est durable ou s’il s’agit d’une bulle qui se prépare à éclater. Pour savoir si les valorisations technologiques sont basées sur une valeur réellement créée pour l’économie, il faut séparer la valeur des sociétés technologiques en trois composantes : d’abord, la valeur intrinsèque, qui correspond à ce que la technologie pourra réellement apporter en terme de productivité à l’économie, ensuite, la prime au temps long, qui disparaitra avec la hausse des taux et qui se situe actuellement à des niveaux historiques du fait de la faiblesse des taux d’intérêt et enfin, la prime liée à la hausse des investissements dans le non cotés, dont le montant à doublé depuis dix ans. </p><p>La valeur intrinsèque des solutions apportées par les sociétés de technologie est indéniable. Le fait que la productivité mondiale bénéficie largement de l’apport des technologies numériques apparaît désormais clairement dans les analyses macroéconomiques : certaines études estiment cet apport jusqu’à 86% de la productivité américaine et seulement un tiers de cette valeur en Europe. A un niveau plus microéconomique, il est évident par exemple que le cloud offre des gains de productivité très élevés : c’est ainsi qu’une équipe de quelques bénévoles a pu développer et déployer “Vite ma dose” pour des millions de personnes sans moyens significatifs, à l’inverse des services compétents, englués dans le papier, les technologies et les méthodes de la génération précédente. Il ne fait aucun doute que nous sommes encore loin de la pleine utilisation de ces technologies et qu’elles auront un impact massif sur la productivité. Il est malheureusement plus difficile de quantifier ces gains, et de déterminer à l’avance où seront les gagnants et les perdants. </p><p>En revanche, on peut sans risque prévoir que les principaux gagnants ne seront pas les mêmes selon le niveau de maturité des technologies concernées. Pour toute technologie, ces gagnants peuvent être les purs players (capable de déployer rapidement ces technologies et de les comprendre avant les autres), les fournisseurs de technologie (cloud, solutions pour le Big Data, services,...), les acteurs en place (plus lents mais disposant des savoir-faire métier et de l’accès aux clients) ou enfin leurs clients. Qu’il s’agisse de l’électricité, de la machine à vapeur ou d’internet, la nature des gagnants principaux a toujours suivi un cycle : en phase d’émergence, à l'apparition d’une nouvelle technologie, les gagnants sont les entreprises spécialisées, seules à y trouver un intérêt suffisant. Au fur et à mesure du développement de l’intérêt pour cette technologie, elle entre en phase d’accélération : les entreprises de service se taillent alors la part du lion tout en contribuant à pousser leurs clients à lancer des projets (stratégie Big Data, proof of concept IA ou process mining,...) dont un nombre croissant finira par générer des surinvestissements aux résultats décevants. Quand la part des déceptions devient trop grande, on assiste à l’éclatement de la bulle technologique, suivie de l’entrée à moyen terme dans une phase de maturité dans laquelle les bons usages de la technologie sont mieux identifiés – et les investissements par conséquents plus ciblés. Les usages utiles de la technologie étant mieux connus, ce sont alors les acteurs en place qui reprennent l’avantage : savoir utiliser la technologie n’est plus un réel avantage distinctif, ce qui compte c’est de disposer d’avantages compétitifs (brevet, savoir-faire, marque, …) et d’utiliser les technologies disponibles pour les valoriser. La technologie atteint alors sa valeur intrinsèque : elle est utilisée pour ce qu’elle peut apporter réellement, une fois retombé l’optimisme excessif des “pitchs” des conseilleurs non payeurs. A long terme, la technologie entre enfin dans une phase de banalisation et devient une “commodité” comme l’est aujourd’hui l’électricité par exemple. L’essentiel de son bénéfice est alors passé aux consommateurs, sous réserve que les autorités de concurrence veillent à ce que ce soit le cas.</p><p>Où en sommes-nous dans le cycle technologique ? La réponse dépend de la technologie - l’intelligence artificielle, le e-commerce ou la numérisation des processus industriels ne se situent pas actuellement au même niveau de maturité. Pour l’intelligence artificielle, nous nous situons au début de la fin de la deuxième phase : Gartner estime que la grande majorité des usages promis par l’intelligence artificielle (ou plutôt par les sociétés de service qui proposent des projets à leurs clients) sont actuellement dans la phase où ils vont d’abord décevoir avant de réellement trouver leur place. Pour d’autres, nous sommes déjà en phase de maturité : la réalisation d’un site de e-commerce ou la capacité à se faire référencer sur une plateforme existante sont désormais à la portée de tous.</p><p>A cette valeur intrinsèque de la technologie s’ajoute actuellement une “prime au temps long”, liée à la baisse des taux à des niveaux historiquement bas. Or la valeur économique d’une entreprise est égale à la valeur de ses flux de revenus futurs divisés par la valeur du temps (le taux d’actualisation) : plus le prix du temps est faible, plus la valeur des titres qui distribuent des revenus éloignés ou croissants dans le temps augmente. Les valeurs technologiques et de croissance sont les premières bénéficiaires de cette “prime au temps long”, et elles feront le chemin en sens inverse lorsque les taux remonteront un peu. Les hausses de taux étant déjà annoncées aux Etats-Unis et anticipées en Europe, ce n’est qu’une question de temps.</p><p>Les investissements technologiques bénéficient également de l’évolution de l’investissement dans le non coté : déçus par les rendements offerts par les investissements cotés, les gestionnaires d’actifs ont doublé leurs investissements dans le non coté durant la dernière décennie. C’est particulièrement vrai pour les gestionnaires de fonds de pension, condamnés à présenter des stratégies permettant d’atteindre un rendement de 7% dans un monde qui croit de 3% par an. L’avenir devra répondre à une question essentielle : l’augmentation massive de l’investissement dans le non coté tiendra-t-elle ses promesses et bénéficiera-t-elle aux actionnaires (sous la forme de rendements net des frais supérieurs à ceux des autres investissements), aux sociétés de gestion (qui pratiquent des niveaux de frais très supérieurs aux autres classes d’investissement, sans toujours ajouter une contribution déterminante à la création de valeur des entreprises concernées), ou aux fondateurs (qui bénéficient de la concurrence entre investisseurs) ? La réponse à cette question sera liée à la résolution de la “prime au temps long” : les fonds qui ont investi en payant cette prime depuis quelques années, mais qui ne la retrouveront pas dans leur prix de cession auront du mal à afficher des rendements élevés. Il est évidemment difficile d’estimer l’impact de cette hausse de la demande pour des sociétés non cotées sur la valeur des sociétés technologiques mais si l’on prend pour base l’indice Argos Mid-market depuis dix ans et l’on déduit la prime de temps long, il reste une hausse de 20 à 30% qui pourrait être liée à la hausse de la concurrence entre fonds.</p><p>Au total, il est évident que la vague technologique actuelle aura un impact durable sur l’économie - des services nouveaux, de la productivité supplémentaire et une meilleure utilisation des ressources non renouvelables. Mais pour savoir comment en tirer partie, il faut tenir compte de deux facteurs. D’abord, le fait qu’une partie importante des valorisations actuelles est liée à des facteurs conjoncturels qui ne résisteront pas à une future correction de marché. Ensuite, le fait qu’en fonction de la position d’une technologie dans le cycle - émergence, accélération, maturité ou banalisation - il vaut mieux être du côté des entrepreneurs, des sociétés de service, des acteurs historiques ou des clients.</p><div><br /></div><div><br /></div><div><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></div> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-10143161443578084142022-02-17T11:59:00.004+01:002023-05-28T23:14:04.773+02:00Réduire le non emploi en France<p>Publié le 17/2/2022 sur <a href="https://www.telos-eu.com/fr/economie/reduire-le-non-emploi-en-france.html">Telos</a> </p><p>
</p><p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><b><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le non-emploi : une
mesure extensive et peu manipulable de la sous-activité</span></b><span style="font-family: "Times New Roman", "serif"; font-size: 13.5pt;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le taux chômage que l’on
a coutume de commenter à chaque publication est une mesure très restrictive du
nombre de personnes sans emploi : elle ne compte que ceux qui effectuent
suffisamment d’actes de recherche d’emploi et sont immédiatement disponibles (ni
malades, ni en stage) quel que soit le contrat proposé. Cette mesure ignore les
chômeurs en longue maladie, découragés, radiés ou voulant un CDD ou un CDI à
temps partiel.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Si l’on veut mesurer et
comparer la capacité d'un pays à employer ses ressources humaines, ce n'est pas
au chômage qu'il faut s'intéresser. C'est au "non emploi" – c'est-à-dire
le nombre de personnes en âge de travailler n'ayant pas d'emploi, quelle qu’en
soit la cause. Certes, le non-emploi ne sera jamais égal à zéro : il est normal
qu'une personne malade puisse ne pas travailler, et nécessaire que des jeunes
étudient. Mais si cet investissement dans l’éducation n’a pas pour contre
partie une réduction du taux de non emploi aux âges plus élevés, il faut se
questionner sur l’efficacité de cet investissement. Par ailleurs, le non-emploi
se prête difficilement aux manipulations "cosmétiques" consistant à
passer les demandeurs d’une catégorie à l’autre, les décourager de rechercher
un emploi, à les radier ou les mettre en « stage parking ». Il permet
aussi de comparer des pays de même niveau de développement (qui n'imposent pas
le travail aux enfants ni ne poussent des salariés inaptes au travail). <o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><br /></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><b><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La France est plus mal
classée sur le non-emploi que sur le chômage </span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><b><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br />
</span></b><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Fin 2021, il y avait en France 13,7 millions de personnes entre 15 et 64
ans sans emploi, avec une difficulté persistante à employer les jeunes ou les
seniors (67% de non emploi chez les 15-24 ans, 18 chez les 25-54 et 44 chez les
55-64 ans). D’autres pays font bien mieux que nous : si nous avions les
taux de non emploi de la Suède, nous aurions 2,8 millions d’emplois en plus (à
comparer aux 3,1 millions de chômeurs en catégorie A).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">S’agissant de
l’évolution du non emploi par rapport aux principaux pays comparables, notons
d’abord que la comparaison depuis 2020 est difficile, dans la mesure où les
mesures d’accompagnement de la crise Covid ont été différentes d’un pays à
l’autre – en France, l’utilisation massive du chômage partiel et les prêts
garantis ont probablement permis de limiter l’effet sur le non emploi par
rapport à nos partenaires. Il faudra attendre la fin de la crise Covid pour
savoir si cet effet est pérenne, et dans quelle mesure les pays qui n’ont pas
eu ce type d’amortisseur rebondissent une fois la crise Covid passée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">On peut cependant noter
une petite inflexion du taux de non emploi sur les 25-54 ans à partir de 2017. Elle
s’est poursuivie depuis, sans accélération par rapport aux baisses également
constatées dans les pays comparables. Pour les jeunes, on ne constate en
revanche pas d’inflexion hormis en 2021 (mais elle devra être analysée une fois
les mesures Covid passées), et la tendance pour les seniors marque plutôt une
décélération de la baisse du non emploi.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjE7g7JIqBT7h6wQlS9SMmmxzMcdUrp1h_bG_0f4U74CxOEpphOVW9S7ScTpGUZTkA9WuXJvFQ4PWMM8i9qNq7I705KzA01BUIm4BAY_GS8o2ihbz-n5S-x3Mla_KJcnoUaXJXFHnaVxqobJs-dan6NWyUKk1GYQWvXN8adJ8wmX9Qmt8Oe3v3t75yKkQ=s941" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="601" data-original-width="941" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjE7g7JIqBT7h6wQlS9SMmmxzMcdUrp1h_bG_0f4U74CxOEpphOVW9S7ScTpGUZTkA9WuXJvFQ4PWMM8i9qNq7I705KzA01BUIm4BAY_GS8o2ihbz-n5S-x3Mla_KJcnoUaXJXFHnaVxqobJs-dan6NWyUKk1GYQWvXN8adJ8wmX9Qmt8Oe3v3t75yKkQ=s320" width="320" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhDCP7bS2s2H9UkXf1ptkPXdjrIVGvDn6vdtoMlxDWZ4h86_EqMFxZiNUTNeGGBWgkZOCu23llx7z9_UhHZtBzLJLzDA5JQT_YmFzXx9pXeddipUpQ0GbmPd0TwqTmL1Nsa-7Kef8K4wIOmP-uo_LTcJrbuCKdQiwrijTz1IpERHpgFPnNS5f4zDLw1hQ=s943" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="607" data-original-width="943" height="206" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhDCP7bS2s2H9UkXf1ptkPXdjrIVGvDn6vdtoMlxDWZ4h86_EqMFxZiNUTNeGGBWgkZOCu23llx7z9_UhHZtBzLJLzDA5JQT_YmFzXx9pXeddipUpQ0GbmPd0TwqTmL1Nsa-7Kef8K4wIOmP-uo_LTcJrbuCKdQiwrijTz1IpERHpgFPnNS5f4zDLw1hQ=s320" width="320" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi5xvFUJ4PPzi_cj3niNQqU-b3SNRKnZ-8baUY9d1ZAKFKE6QYagerXNl3AyNYBs1I3ZBg7JhiPNgWbmDJTSynhUKnhbIFkTTxzSKXUJ3XGNi6qn3OY3Eu9uOFus1oSLeeEpp3PHSmPtFO7AVTjm-mIF0gYFV0qo5P3DV7QQQJpxyEamfDw3TzTg6_jCg=s945" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="606" data-original-width="945" height="205" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi5xvFUJ4PPzi_cj3niNQqU-b3SNRKnZ-8baUY9d1ZAKFKE6QYagerXNl3AyNYBs1I3ZBg7JhiPNgWbmDJTSynhUKnhbIFkTTxzSKXUJ3XGNi6qn3OY3Eu9uOFus1oSLeeEpp3PHSmPtFO7AVTjm-mIF0gYFV0qo5P3DV7QQQJpxyEamfDw3TzTg6_jCg=s320" width="320" /></a></div><br /><p></p>
<p align="center" class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: center;"><br /></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto;"><b><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Comment combattre le non
emploi ?</span></b></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Certaines des causes de la mauvaise
performance française sont anciennes. La première de ces causes, c'est de nous être
focalisé sur le chômage, plutôt que sur le non-emploi. De cette focalisation découlent
beaucoup des mauvaises solutions apportées au problème : préretraites, stages
"parking", formations sans débouchés, emplois aidés ne menant pas à
un emploi marchand, allongement de la scolarité déconnecté de tout souci
d'employabilité, radiation des chômeurs, dispense de recherche d'emplois<a href="file:///C:/Users/User/Desktop/Vincent/Eco/Non%20emploi%20-%202022b.docx#_ftn1" name="_ftnref1" style="mso-footnote-id: ftn1;" title=""><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; line-height: 104%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span></a>...</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Cette focalisation sur le chômage, qui est
soulignée depuis des années notamment par les rapports de l’OCDE, continue de
nous cacher à la fois l'ampleur du mal (par rapport à la Suède, le chômage ne
mesure qu'un tiers du sous-emploi français) et la nature des modèles pertinents
(le modèle américain n'est pas beaucoup plus performant que le nôtre)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">A l’inverse, une
politique ciblée sur le taux de non-emploi nous conduirait à plus d’efficacité
pour accélérer le retour à l’emploi des demandeurs, par exemple en renforçant
les services d'orientation et d'accompagnement (qui restent très insuffisants
en France), et à nous intéresser davantage aux catégories, pourtant bien
connues, sur lesquelles la France réalise l’essentiel de sa
sous-performance : les jeunes et les seniors.<o:p></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height: normal; margin-bottom: 0cm; mso-hyphenate: auto; mso-vertical-align-alt: auto; text-align: justify;"><span style="color: black; font-family: "Times New Roman","serif"; font-size: 13.5pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><o:p> </o:p></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi-nHYbeaUCB8y7ny-9KkjCS084Sfn3dr9dkbav0MVmHABtE14PTVtfh2VVyGYLWXibUVkSyE_JvjID_NT-q1uthbxVFZZcFM1_iyKIwg26Cx3DHuQZEjLOAtOVKhA7NvmO3icNOxVRbR2J1cSQ6ZwuuTM4XbtK34uy6dTumGMT0Gc36U_FklIQf5vgRQ=s760" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="527" data-original-width="760" height="222" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi-nHYbeaUCB8y7ny-9KkjCS084Sfn3dr9dkbav0MVmHABtE14PTVtfh2VVyGYLWXibUVkSyE_JvjID_NT-q1uthbxVFZZcFM1_iyKIwg26Cx3DHuQZEjLOAtOVKhA7NvmO3icNOxVRbR2J1cSQ6ZwuuTM4XbtK34uy6dTumGMT0Gc36U_FklIQf5vgRQ=s320" width="320" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><p></p><div style="mso-element: footnote-list;">
<!--[endif]-->
<div id="ftn1" style="mso-element: footnote;">
<p class="MsoFootnoteText"><span class="MsoFootnoteReference"><span style="mso-special-character: footnote;"><!--[if !supportFootnotes]--><span class="MsoFootnoteReference"><span face=""Calibri","sans-serif"" style="font-size: 10pt; line-height: 104%; mso-ansi-language: FR; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-language: AR-SA; mso-fareast-font-family: Calibri; mso-fareast-language: EN-US;">[1]</span></span><!--[endif]--></span></span>
Le lecteur intéressé par ces sujets pourra notamment consulter les rapports de
l’OCDE sur la France (perspectives économiques ou perspectives de l’emploi).</p>
</div>
</div><br /><p></p><div><br /></div><div><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></div> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-14139851364638699122022-02-17T11:35:00.003+01:002023-05-28T23:14:11.024+02:00Augmenter durablement le pouvoir d’achat<p>Publié dans <a href="https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/opinion-augmenter-le-pouvoir-dachat-durablement-1387800">Les Echos le 17/02/2022</a></p><p style="text-align: justify;">En ces temps de campagne, les propositions pour augmenter le pouvoir d’achat se multiplient et donnent l’occasion de rappeler la différence entre les mesures qui augmentent réellement ce pouvoir d’achat et celles qui n’auront pas d’effet durable.</p><p style="text-align: justify;">Le premier levier en France pour augmenter le pouvoir d’achat, c’est le taux d’activité. Il ne s’agit pas seulement des trois millions de demandeurs d’emploi, mais des 13,7 millions de personnes en âge de travailler sans emploi. Certains poursuivent des études, d’autres sont en arrêt maladie ou restent au foyer. Mais si notre taux d’emploi atteignait celui des Pays-Bas, dont le niveau d’éducation et de santé est comparable au nôtre, nous aurions 120 milliards de pouvoir d’achat en plus. Pour augmenter le taux d’emploi, nous devons questionner les choix qui font baisser le chômage sans augmenter l’emploi (stages « parking », dispositifs tels que le RSA qui mettent l’essentiel des moyens sur l’indemnisation ou l’incitation plutôt que d’accompagner le retour à l’emploi,…). Par ailleurs, de nombreuses voies restent possibles pour aider les entreprises de croissance : ainsi le préavis pour un salarié qui souhaite les rejoindre peut atteindre 3 mois. Cette entreprise se développera donc plus rapidement dans les pays où ce délai est raccourci. Autre exemple, le tiers des salariés à temps partiel souhaiterait travailler plus. S’ils pouvaient faire 10 heures de plus par semaine, ils auraient 7 milliards de pouvoir d’achat supplémentaire.</p><p style="text-align: justify;">Le second levier pour augmenter le pouvoir d’achat c’est de réduire les rentes. En matière d’épargne retraite, les réformes successives ont poussé les français à épargner pour compléter leur retraite. Mais ils sont confrontés à des niveaux de frais élevés pouvant atteindre 3% par an. Sur une vie d’épargne, ils réduiront le complément de retraite de plus d’un tiers. Et paradoxalement, certains dispositifs créés pour aider à constituer une épargne ont l’effet inverse de celui recherché : en conditionnant une aide fiscale à la souscription d’un produit qui n’existe qu’en France, ils limitent le choix des épargnants à des produits dédiés, aux frais les plus importants et parfois opaques. Les français pourraient gagner plusieurs milliards de pouvoir d’achat annuel d’un système plus efficace et plus transparent. Correctement ciblée, la politique de concurrence peut aider à maintenir des prix modérés : l’une des décisions qui a eu le plus fort impact sur le pouvoir d’achat de ces dernières années a été d’autoriser un nouvel opérateur mobile, ce qui économise des milliards aux français chaque année.</p><p style="text-align: justify;">Par ailleurs, des services publics gérés et déployés de façon efficace – qu’il s’agisse de santé, de transport, d’éducation ou de justice – permettent aux français de faire des économies importantes. L’inverse est vrai : les laisser se dégrader, c’est amputer le pouvoir d’achat des ménages. De la même façon, des régulations inefficaces couteront cher aux français. Comme l’a rappelé récemment RTE, les français perdront 10 milliards d’euros par an si les investissements qui éviteront une flambée des prix de l’énergie ne sont pas pris. De même pour les normes de rénovation de l’habitat : une partie présente une efficacité et un retour sur investissement douteux, et bénéficient plus aux intermédiaires ou aux prestataires, qu’aux propriétaires. Or le coût du défi climatique nous impose au contraire de focaliser nos moyens sur les mesures dont le coût par tonne de CO2 est le plus bas et d’éviter aux ménages des dépenses inefficaces.</p><p style="text-align: justify;">Une mesure fiscale n’augmentera le pouvoir d’achat national moyen que si elle prélève des entités extranationales, et sous réserve de ne pas cacher une mesure protectionnisme : les ménages français gagnent chaque année des milliers d’euros de pouvoir d’achat grâce aux échanges internationaux. Réduire ces échanges sans raison valable réduira leur pouvoir d’achat. En revanche, un prix du carbone est une mesure efficace pour réduire les émissions, et donc limiter l’impact sur le pouvoir d’achat – pourvu que ce dispositif soit associé à une mesure en faveur des ménages les plus impactés par la hausse des prix des produits carbonés. On pourrait également s’intéresser à l’idée d’un prix de la tonne de particules fines : elles causent des dizaines de milliers de décès en France chaque année, alors que certains jours, plus de 80% des particules fines respirées à Paris ont leur origine hors de France.</p><p style="text-align: justify;">Enfin, beaucoup de propositions présentées comme en faveur du pouvoir d’achat se limitent à faire des cadeaux aux français avec l’argent de leurs enfants. En effet, notre dette a augmenté de plus de 250 milliards ces dernières années, et les perspectives de hausse des taux confirment l’illusion d’une « dette qui ne coute rien ». Augmenter le pouvoir d’achat en baissant une cotisation, un impôt, un gel de prix ou une aide sans les financer, c’est augmenter la dette qui sera payée par nos enfants. Le pouvoir d’achat des français n’est pas augmenté, il est réduit plus tard pour être augmenté maintenant.</p><p style="text-align: justify;">Au total, les pistes ne manquent pas pour augmenter le pouvoir d’achat des français. Mais dans le débat qui s’ouvre, n’oublions pas que les seules mesures qui bénéficieront durablement aux français sont celles qui contribuent à augmenter le niveau de l’activité, de l’efficacité ou de la transparence de notre économie.</p><p style="text-align: justify;"><br /></p><p style="text-align: justify;"><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small; text-align: left;">https://longterme.fr</span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-190787384039504612022-01-14T07:45:00.004+01:002023-05-28T23:14:19.097+02:00 Une stratégie industrielle : l’art de dire « non »<p>Publié dans <a href="https://www.usinenouvelle.com/blogs/vincent-champain/une-strategie-industrielle-c-est-l-art-de-dire-non.N1175487">l'Usine Nouvelle</a></p><p>Durant la campagne qui s’annonce, candidats et commentateurs vont présenter leur stratégie industrielle pour la France. Mais au fond qu’est-ce qu’une stratégie industrielle, et quels sont les critères permettant à chacun de se faire son avis sur son réalisme ?</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiCEke4Tiq2HG94v7yz7szE530wOveLK-dRvVk6nx1eBjaFTlpugFL7ccOknmD_6vcbUZT7tK9ydlQEKNvewOdj_T4ESk96d9lnHuFTM7Nvv4wW2fL1f8baOIfqJ2UAgBfFiOh12mjlNrH7XHpmPFkPGaa6iR0fbqarIdsGwN1D_hzZ8cdxIs-bydHx4Q=s1200" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="800" data-original-width="1200" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEiCEke4Tiq2HG94v7yz7szE530wOveLK-dRvVk6nx1eBjaFTlpugFL7ccOknmD_6vcbUZT7tK9ydlQEKNvewOdj_T4ESk96d9lnHuFTM7Nvv4wW2fL1f8baOIfqJ2UAgBfFiOh12mjlNrH7XHpmPFkPGaa6iR0fbqarIdsGwN1D_hzZ8cdxIs-bydHx4Q=w400-h266" width="400" /></a></div><p><b>1) Préciser le comment, le qui, le quoi et le pourquoi</b></p><p>Une stratégie est une façon (comment) de coordonner les actions d’acteurs publics ou non publics (qui) pour atteindre un but (quoi) servant une vision (pourquoi). Une stratégie publique doit le faire dans un but qui augmente l’intérêt général des français (PIB, qualité de vie, élimination de nuisances, réduction des émissions de gaz à effet de serre …).</p><p>Ce premier critère élimine les stratégies qui se limitent à l’affirmation d’un objectif sans lien évident avec l’intérêt général – par exemple fixer un nombre d’entreprises créées, sans considération de la valeur ajoutée des emplois créés ou de leur caractère durable – ou qui ne sont que l’émanation du souhait d’un secteur – par exemple, faire de la France un leader dans le domaine X, sans qu’il soit prouvé (cf points suivants) que cet objectif soit prioritaire pour l’intérêt général.</p><p>Il élimine aussi les stratégies vagues sur la mise en œuvre ou peu claires sur la façon dont les mesures proposées assureront l’atteinte de l’objectif – on se souvient de la stratégie de Lisbonne qui visait à faire de l’Europe la zone économique la plus compétitive en 2010, et de la déconnection des actions (pertinentes pour beaucoup, mais ni suffisantes, ni explicites dans leur mise en œuvre) qui l’accompagnaient. Avec le résultat que l’on sait, malgré des avancées dans certains domaines.</p><p><b>2) Reposer sur un diagnostic factuel et ancré dans le réel</b></p><p>Il est difficile de conduire un changement de grande ampleur et de convaincre largement sur la base de faits partiels ou erronés - anecdotiques ou au contraire trop macro-économiques et vrais en moyenne mais faux tout le temps. Malheureusement, une campagne tient rarement d’un exercice d’analyse ou de confrontation entre économistes, praticiens ou experts et plus souvent plus d’un exercice de réaction à des demandes ou des sentiments – avec le risque de préparer des lendemains difficiles dans lesquels les actions proposées seront confrontées à la réalité et sa diversité.</p><p>Un test important pour une stratégie publique tient donc à la question du diagnostic – plus les faits sont précis, plus le diagnostic a fait l’objet d’un partage et d’une confrontation des statistiques au vécu des acteurs concernés, plus elle a de chances de viser les causes réelles et d’obtenir un effet.</p><p><b>3) Etre efficace dans sa mise en œuvre</b></p><p>Les ressources publiques étant limitées, une stratégie doit être efficace dans sa mise en œuvre : créer un avantage compétitif pour la France n’a d’intérêt que si cela se fait à un coût tel que la France bénéficie de cet investissement sous la forme d’un retour supérieur au coût.</p><p>Ce critère doit conduire à fortement questionner les stratégies qui chercheront à atteindre un objectif pertinent par des voies peu efficaces – par exemple lutter contre le niveau de prélèvement en les baissant les cotisations sans réduire les coûts : les contribuables d’aujourd’hui seront gagnant, mais au prix d’un coût augmenté des intérêts pour les contribuables futurs, avec à la clef un effet négatif sur l’intérêt général.</p><p>Enfin, la plupart des industries évoluent sur des marchés mondiaux. Une stratégie industrielle robuste doit en tenir compte. Ainsi, l’échelle Européenne s’impose sur beaucoup de marchés - avec la difficulté que la notion de stratégie industrielle varie fortement d’un pays à l’autre, les pays du nord ayant une réticence forte à intervenir dans les décisions d’entreprise. </p><p><b>4) Etre bâti autour de la notion d’avantage compétitif</b></p><p>La prospérité d’une entreprise, comme celle d’une nation, ne se fait pas en faisant tout mais au contraire en se concentrant sur ce qu’elle sait relativement mieux faire que les autres : les français s’enrichissent en développant le secteur du luxe tout en important les produits d’horlogerie de Suisse, plutôt que le contraire.</p><p>Beaucoup de propositions de stratégie industrielle décrètent l’objectif de relocaliser un secteur sans répondre à une question essentielle : pouvons-nous, aujourd’hui ou demain, avoir un réel avantage compétitif dans le domaine concerné ? C’est particulièrement vrai des propositions émanant de lobbies – c’est même logique, car leur objectif n’est pas le bien-être pour tous les français, mais les retombées pour leurs membres.</p><p>Il existe des domaines dans lesquels la France dispose d’une position en termes de savoir faire qui lui assurent de tels avantages (luxe, aéronautique, nucléaire, automobile,…) mais l’analyse doit être poussée au niveau du détail : nous avons beau avoir une position forte dans le luxe, ce n’est pas le cas de tous les produits chimiques qui entrent dans leur composition. De la même façon, la question de souveraineté numérique doit être précisée. Veut-on être souverain dans les microprocesseurs ? Dans le stockage de données ou la mise à disposition de puissance de calcul (ce qu’OVH sait faire de façon compétitive) ? Dans la réalisation d’API ou de plateforme de développement généraliste (ce pourquoi les GAFA disposent de solutions très compétitives, sur lesquelles elles investissent des milliards par an) ou de solutions ciblées (pour l’industrie, la santé, la sécurité, le marketing analytique…) dans des domaines où la France dispose d’une avance ?</p><p>La encore, rien n’empêche d’être ambitieux et de viser des investissements massifs dans des domaines où l’on veut consolider un avantage. Mais si cet effort n’est pas ciblé, il ne sera pas crédible face à une concurrence mondiale ou les investissements se comptent en dizaine de milliards. Une stratégie, c’est aussi « l’art de dire non » - choisir un nombre limité de combats qu’on peut réellement gagner. Et c’est bien cela qui rend l’exercice difficile dans une campagne, qui repose davantage sur l’art de dire « oui » à chacun.</p><p><br /></p><p><span lang="FR" style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">(c) https://longterme.org </span><span style="background-color: white; color: #222222; font-family: arial, sans-serif; font-size: x-small;">https://longterme.fr</span></p> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1378634384275978376.post-23467275864043782842021-09-29T21:49:00.005+02:002021-09-30T09:39:02.812+02:00 La rationalité sauvera le monde, peut-être malgré lui.<p>Publié dans l'Opinion, le <a href="https://www.lopinion.fr/edition/politique/rationalite-sauvera-monde-peut-etre-malgre-lui-tribune-vincent-255337">30 septembre 2021</a></p><p> </p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfsVuJvX2f6nnP96yQBPjj3Et8zMden_noWCEBTJYZBpY2PUxl2Ilkz-YCeY5DPVXzmXA5Sk5AP1rbQTrpzXz_oqTe6xKTpLkMcV-hDe8E3o4Bj9F0lqxwciyTxs-q6COQIOQTbZSP_U1w/s1024/an-alchemist-in-his-laboratory-wellcome-l0076168-2a381a-1024.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="840" data-original-width="1024" height="263" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfsVuJvX2f6nnP96yQBPjj3Et8zMden_noWCEBTJYZBpY2PUxl2Ilkz-YCeY5DPVXzmXA5Sk5AP1rbQTrpzXz_oqTe6xKTpLkMcV-hDe8E3o4Bj9F0lqxwciyTxs-q6COQIOQTbZSP_U1w/s320/an-alchemist-in-his-laboratory-wellcome-l0076168-2a381a-1024.jpg" width="320" /></a></div><span><div style="text-align: center;"><span face="Roboto, sans-serif" style="background-color: white; font-size: x-small; white-space: pre-wrap;">An alchemist in his laboratory. </span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;"><span face="Roboto, sans-serif" style="background-color: white; white-space: pre-wrap;">Painting after D. Teniers II.</span><span face="Roboto, sans-serif" style="background-color: white; white-space: pre-wrap;">Teniers, David, 1610-1690.</span></span></div></span><p></p><p><span style="font-size: medium;">Les débats sur la crise sanitaire, le climat ou l’économie sont marqués par l’idée que nous souffrons d’un excès de rationalité, dont seuls pourraient nous libérer des esprits capables de faire passer nos désirs avant les contraintes du réel. </span></p><p><span style="font-size: medium;">Pourtant, dans le domaine sanitaire, c’est la science qui a permis de développer des vaccins efficaces dans des délais inimaginables il y a un an, de connaître les populations aux risques les plus élevés, et la façon de réduire ces risques. Est-ce un excès de rationalité de réaliser l’expérimentation du concert d’Indochine (5000 spectateurs dans une même salle dans le respect du passe sanitaire et du port du masque, aucune contamination nette) ou aurait-il fallu multiplier bien plus tôt ce genre d’étude ?</span></p><p><span style="font-size: medium;">Le climat est un enjeu important, mais malheureusement pour les militants de la première heure, avoir parlé d’un problème avant tout le monde ne fait pas un expert des solutions pour répondre à ce défi. Or, s’ils sont réalisés de façon efficace, les efforts pour réduire les gaz à effet de serre coûteront 10% de la richesse produite chaque année dans le monde, et les pays riches en prendront une part qui dépassera largement la moyenne. Par ailleurs, notre richesse par tête progressera de 60% d’ici 2060. Si le défi climatique est traité de façon inefficace, son coût consommera la majorité de nos gains de pouvoir d’achat, ce qui imposera des sacrifices considérables - envisageables pour un cadre urbain, mais très douloureux pour des familles rurales qui peinent déjà à financer leurs dépenses de santé, de logement ou de mobilité. Avec à la clef un rejet auquel les politiques climatiques ne résisteront pas. Or ce risque de l’inefficacité est déjà présent : le coût des dépenses de soutien aux énergies renouvelables est déjà le double de celui que l’on aurait atteint en nous limitant aux solutions ayant le coût par tonne de CO2 le plus bas. Et en faisant payer le prix de l’intermittence des renouvelables aux énergies qui n’en génèrent pas, nous générons de coûteuses inefficacités. </span></p><p><span style="font-size: medium;">En matière de politique économique, est-ce être trop rationnel de rappeler que le coût d’une dette se juge sur sa durée de vie? Un ménage ou un Etat ne doivent pas être leurré par un taux d’intérêt réduit les premières années pour une dette qui dure des décennies. Si les taux atteignent 5%, avec une dette qui atteindra 140% du PIB, la charge brute pour la France sera d’un montant équivalent aux dommages de guerre imposés à l’Allemagne après la seconde guerre. Même la moitié de ce niveau imposera des sacrifices importants qu’il est un devoir d’anticiper. Sur le pouvoir d’achat, les promesses se multiplieront dans les mois qui viennent pour “donner” du pouvoir d’achat par des mesures fiscales. Ce qui revient à faire des cadeaux aux français avec leur propre argent : toujours agréable, sans effet sur pouvoir d’achat moyen. A l’inverse, deux types de politiques sont sous-estimées : la chasse aux rentes (autoriser un quatrième opérateur mobile a permis de distribuer des milliards de pouvoir d’achat aux ménages aux frais des actionnaires des opérateurs en place) et les projets d’infrastructure (le programme nucléaire français a permis de réduire significativement la facture des ménages et des entreprises par rapport à celle de nos voisins).</span></p><p><span style="font-size: medium;">Le Faust de Goethe exprimait déjà une frustration face aux contraintes de la méthode scientifique, qui n’est ni nouvelle, ni propre à la France. Mais elle nous touche plus fort que le pays de Goethe et nous fait prendre un retard croissant dans le domaine scientifique - en matière scolaire, d’attractivité des carrières, de publications ou d’applications. Il sera difficile d’augmenter les moyens de la recherche scientifique si elle est mise sur le même plan que la recherche sur internet d’un expert de plateau de télévision. Nous ne pourrons pas concentrer nos moyens si, au nom de la pluralité scientifique, il faut les disperser de la physique fondamentale à la théorie du genre dans la cuisine française. Ce n’est donc pas l’excès de rationalité qui nous menace, mais bien l’inverse.</span></p><p><span style="font-size: medium;">Vincent Champain est cadre dirigeant et président de l’Observatoire du Long terme, think tank dédié aux enjeux de long terme.</span></p><div><br /></div> Observatoire du long termehttp://www.blogger.com/profile/00582443776233017611noreply@blogger.com0